Thelonious Monk – Palais des Beaux-Arts 1963
Si les disques de Thelonious Monk ne manquent pas ; il fut après Duke Ellington le jazzman qui produisit le plus grand nombre d’enregistrements, celui dont il est question aujourd’hui est un magnifique inédit.
Prévu en tirage limité à 2000 exemplaires pour la première date du Record Store Day 2020 par les labels américain Light In the Attic Records et européen Tidal Waves, c’est avec un retard de quelques mois que nous pouvons enfin placer ce beau disque sur la platine.
L’enregistrement live de 1963 réalisé par les équipes de la RTB (Radio Television Belge) a bénéficié à l’époque des meilleurs équipements techniques disponibles et de l’excellente acoustique du palais des Beaux-Arts de Bruxelles. En outre, ces enregistrements ont été nettoyés et restaurés avec un soin extrême. Tidal Waves, habitué des tirages limités, s’est ensuite chargé d’effectuer un pressage de première qualité ! Le son est absolument superbe ! Seuls les applaudissements du public paraissent un peu lointains….nous rappelant malheureusement que nous ne sommes pas parmi lui.
Pour la tournée, le quartet se composait de Monk au piano, de Charlie Rouse au saxophone ténor, de John Ore à la contrebasse et de Frankie Dunlop à la batterie. Ce dernier donne un aperçu incroyable de son talent sur la dernière piste de la face A « Drum Solo ». Comme il est de coutume pour les sets de jazz, chaque musicien aura l’occasion d’exposer ses compétences instrumentales : Epistrophy mettra en avant la couleur chaude et enveloppante du saxophone de Charlie Rouse.
Mais c’est bien entendu le style de Thelonious Monk que l’on remarquera sur l’ensemble des 6 titres présents sur l’album. Une attaque directe, percussive des touches, des silences comme des suspensions, des hésitations et changements d’harmonies désarçonnants.
Ce sont bels et bien des titres qui sont devenus des standards du Jazz que nous avons la chance de réécouter ici dans une interprétation inédite. Même le dernier titre Just a Gigolo pourtant archi connu semble faire peau neuve face au public belge de ce jour de mars 1963.
Ce n’est pas tous les jours que Thelonious Monk s’invite chez nous pour une performance inédite d’une si belle facture, il ne faut donc pas bouder son plaisir.
Un regret cependant : celui de ne pas pouvoir voir Monk sous son célèbre couvre-chef Papakha, et derrière ses lunettes noires.
Le style de Monk est musical, évidemment, mais aussi vestimentaire !
Nicolas Duquenne