A Love Supreme

John Coltrane – Love Supreme

novembre 2020 |

« Je pense que la musique peut rendre le monde meilleur et, si j’en suis capable, je veux le faire », déclare John Coltrane.

Après l’album Crescent, le quartet de John Coltrane (John Coltrane au saxophone ténor et au chant, McCoy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la contrebasse et Elvin Johnes à la batterie) a eu le désir d’imaginer une œuvre où toutes les pistes sont liées à un même thème mystique, celui de l’amour divin et de la métaphysique. De ce fait, il s’agit non seulement d’un album-concept, mais en plus d’un classique de l’histoire du jazz, d’une musique mythique. A love supreme a été enregistré le 9 décembre 1964, au studio Rudy Van Gelder et a été produit par Bob Thiele, pour le label Impulse. Cet album a été édité en 1964, puis en 2020 et enfin en 2015, pour son cinquantenaire.
Il s’agit d’un album immatériel, qui donne toute sa place à l’esprit, sous la forme d’une ode, de louanges à Dieu prenant l’apparence d’une transe musicale à dimension spirituelle, l’amour suprême de John Coltrane à dieu.

La femme de John Coltrane déclare, après l’avoir vu s’enfermer pendant 5 jours, avec son saxophone : « Dis-moi tout…On ne t’a pas vu depuis 5 jours. Il répondit : c’est la première fois que j’ai tout reçu de la musique (…) ».

À cet égard, on peut qualifier A love supreme, d’album de cœur. John Coltrane a été touché par la grâce de Dieu. Par gratitude, John Coltrane décide de rendre les gens heureux, à travers sa musique, de s’adresser à leur âme en leur montrant le divin dans un langage musical, qui transcende les mots.

L’album est réparti en deux faces, et quatre thèmes à chaque fois (Face 1 : Partie 1 : Acknowledgement, Partie 2 : Résolution ; Face 2 : Partie 3 : Pursuance et Partie 4 : Psalm). Cet album est un chemin de la connaissance à la transcendance, plein d’improvisations et de vitalité.
Le premier mouvement est enregistré en une seule fois et dure 7 minutes 47. On entend d’abord un gong, puis le saxophone de John Coltrane. Ensuite, on peut distinguer le riff, à la contrebasse de Jimmy Garrisson, qui cadence A love Supreme, puis McCoy au piano. John Coltrane chante A love supreme 19 fois tout en alignant ces mesures 37 fois de suite, alternant graves et aiguës. Remarquons que le 10 décembre 1964, John Coltrane retourne au studio et enregistre deux autres versions de Acknowledgment avec l’aide de Art Davis et de Archie Shepp, mais il ne conservera pas cette dernière version.
La seconde partie est enregistré en 6 essais et dure 7 minutes 22. C’est un mouvement classique avec le solo du pianiste McCoy Tyner.
Le troisième et le quatrième morceaux ont été enregistrés en une fois avec le solo du batteur Elvin Johnes et un deuxième saxophoniste et durent respectivement 10 minutes 45 et 7 minutes 8. Enfin, Jimmy Garison, le contrebassiste rajoute un archet et on distingue un overdub du batteur Elvin Johnes.

John Coltrane fait de la poésie avec son saxophone et invente un langage musical métaphysique. Le 26 juillet 1965, il fait un concert à Antibes et déclare à Michel Delorme, à propose de sa vision de la déité :

« Elle est tout pour moi ; ma musique est un remerciement à Dieu ». La légende dit qu’il aurait joué Acknowledgment, lors de son dernier concert.

En libérant l’harmonie, et avec son atonalité John Coltrane est un précurseur du free-jazz.

Les chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker, avec sa compagnie de danse contemporaine ROSAS et Salva Sanchis se sont largement inspirés de cet album-concept, dans leur spectacle de danse contemporaine A love Supreme, avec un quatuor de danseurs. Ils ont traduit littéralement en danse contemporaine la liberté des improvisations de ce quartet.

Enfin, la Saint John Coltrane Church, à San Francisco, rend hommage à John Coltrane en prêchant au son de A love supreme jusqu’à aujourd’hui.

Monia Douib