Reptile

Moodoïd – Reptile

décembre 2017 |

La formation Moodoïd menée par le jeune Pablo Padovani a sorti le 25 novembre dernier l’EP Reptile, disque annonciateur de leur album prévu pour 2018. Trois ans après leur opus précédent, Le Monde Möö, Moodoïd revient en espérant faire aussi bien, et avec Reptile le pari semble plutôt réussi. C’est un EP au son sauvage et sensuel que le groupe nous offre, tout en nous faisant danser du début à la fin du disque. Mais qu’est-ce que rend Reptile si spécial, au juste ?

Le ton est donné dès les premières secondes du titre éponyme. Un riff prenant, une batterie qui sonne très 80s, une voix haut perchée quasi surnaturelle, et la magie opère immédiatement. Le chant se fait hypnotique, séducteur, voire érotique. Reptile est véritablement un hymne à l’amour et à la passion, et cela se ressent autant dans la musique, qui nous plonge inconsciemment dans un état proche de la transe, que dans les paroles très équivoques : « Se coucher, se sauver et te lover, et crier et crier ». Le charnel a une place centrale dans le morceau, et cela à deux niveaux puisque s’il est question d’érotisme, il ne faut pas oublier que le but de Moodoïd est de faire danser. C’est d’ailleurs le fil conducteur de tous les morceaux de l’EP ; leur point commun, c’est que l’on ne peut pas s’empêcher de bouger en les écoutant. Planète Tokyo, par exemple, nous rappelle encore une fois les 80s, âge d’or de la musique électronique, avec ce synthé omniprésent dont la mélodie n’a rien de surprenant mais n’en reste pas moins efficace. Miss Smith et Au pays des merveilles de Juliet, reprise d’Yves Simon, sont également des titres dansants et véhiculant une certaine énergie qui se ressent dans tout l’opus. Cependant, Au pays des merveilles de Juliet retient particulièrement l’attention car on y remarque une volonté de mélanger les styles avec ce chant féminin aux influences asiatiques et les percussions qui, quant à elles, rappellent la musique traditionnelle africaine. La voix de Pablo Padovani se mêle parfaitement, comme toujours, à l’ensemble. C’est l’union de plusieurs éléments qui au premier abord n’ont rien en commun mais finissent par créer une véritable unité, et pour ces raisons, ce titre est le plus abouti et le plus complexe de l’EP. Il est suivi de très près par la version longue de Reptile qui, justement, en dit long sur le groupe. Avec cette version alternative, Moodoïd a en fait produit un remix de son propre morceau, ce qui est un concept novateur et intéressant. Cela reflète bien une forme d’originalité et un désir de surprendre, de ne rien faire comme tout le monde.

Reptile est sans aucun doute un EP de grande qualité qui laisse présager un futur album tout aussi impressionnant. Moodoïd parvient à conserver les éléments traditionnels de la musique électronique tout en y apportant une touche personnelle et originale et, de cette façon, exerce une sorte de réappropriation du genre. Rien n’est vraiment totalement inventé mais, en même temps, chaque titre est unique. Il nous tarde d’en entendre plus.

Lydia Mdjassiri

Vinyle disponible chez Balades Sonores