Isles

Bicep – Isles

février 2021 |

Des titres comme autant d’Iles voire autant d’Archipels musicaux, une épopée en electronica surdouée, voilà ce que nous propose le duo Bicep avec ce 2ème album, assurément celui de la consécration bien méritée puisqu’aboutissement de deux années de travail forcené et prolifique si l’on en croit le nombre de démos produites.
Bicep rime avec force mais aussi avec espoir, parmi les plus prometteurs de la scène britannique à propension européenne.
Andrew Ferguson et Matthew McBriar ont une imagerie foisonnante en tête, des heures de vol imaginaires – ou pas – au dessus et tout autour du globe… la synthèse est là avec Isles et il fallait bien qu’ils soient insulaires eux-mêmes pour savoir le mettre en musique avec autant d’émotions. C’est Apricots qui a été la cartouche d’entrée, immédiatement addictive avec ses samples de voix bulgares, et ses nappes éthérées, une rythmique endurante avec ses respirations, on voit des ciels défiler, tour à tour étales et agités, comme ceux d’Irlande, leur patrie d’origine, dans la rugosité et la poésie du Nord.
Ces deux brillants producteurs de musique électronique ont pour eux le génie, la patrie mais aussi l’érudition à considérer leur blog Feel My Bicep qui a été pour ainsi dire la pierre angulaire de leur notoriété au commencement puisqu’ils postaient à cadence frénétique leur sélection de titres house, techno, funk, Italo, disco toutes décennies confondues même celles qu’ils n’avaient pas vécues. Avant de livrer cet opus hypnotique, ils se sont savamment nourris des sons dubstep, drum’n’bass, IDM, UK garage, installés à Londres.
De cette appétence pour les autoroutes au même titre que les voies de traverse, mais toujours à grande vitesse, Bicep a trouvé son art des fusions et d’une électronique tripale, remède à la dépression de l’isolement, une électronique aux racines et aux bourgeonnements infinis, tantôt aqueuse dans Lido, tantôt métallique dans X, hymne aux Eléments et sublimée ça et là par les leads du cinquième, comme des sirènes. Une électro green pour ainsi dire et en cela avant-gardiste, une expérience physique et spirituelle que le duo nous offre là comme un trésor et un échappatoire en ces temps tourmentés.
A prescrire jusqu’à ce que libération s’en suive, et au delà. Merci Bicep.

Charlotte Lafon