TootArd – Laissez-passer
Des riffs de guitare touareg, une énergie rock et quelques influences reggae ornent des mélodies orientales entraînantes et des textes en arabe ; TootArd n’aime pas les barrières.
TootArd pour fraises, celles qui poussent probablement sur le plateau du Golan, en Israël, d’où provient le groupe. Ces fraises qui pousseront toujours dans nos souvenirs d’enfance et qui donnent vie à nos forêts, mais aussi ce fruit de la globalisation qui s’exporte à travers le monde ; bien s’enraciner pour mieux essaimer.
Car TootArd était voué à voyager malgré tout, et leur Laissez-Passer c’est cet album qui leur permet aujourd’hui d’exposer leur situation. La région dans laquelle les musiciens ont grandi, un haut-plateau autrefois syrien et annexé par Israël en 1967, sans que la souveraineté revendiquée ne soit reconnue et ses habitants ont encore aujourd’hui pour unique document d’identité un « laissez-passer » ; citoyens du monde.
Les cinq musiciens nous font donc baigner dans leur univers musical propre, et c’est plutôt agréable. On s’attache vite à leur esthétique, parfois sur des thèmes accrocheurs et égayants comme sur l’efficace morceau Laissez-Passer, d’autres fois en voyageant tranquillement dans des sonorités amples où la guitare nous laisse nous imaginer sous les étoiles du désert avant qu’un saxophone ne vienne nous rejoindre comme dans Sahra, ou encore ces petits contre-temps reggae, voire ska qu’on retrouve disséminés dans l’album, et ces guitares planantes que l’on retrouve sur certains morceaux. On ressort de l’écoute de cet album avec l’impression d’avoir été ailleurs pendant un moment, d’avoir visité ces montagnes dont on nous parle ; voyage voyage.
Le groupe a maturé depuis leur premier album et l’ensemble est varié. Et même si la surprise des premiers morceaux pourrait vite s’effacer, la fin de l’album continue à offrir de petites surprises, notamment Syrian Blues composé en mode rast, la plus populaire des échelles en musique arabe. Malgré tout, la revendication d’inspirations musicales diverses semble parfois un peu forcée notamment en ce qui concerne les musiques africaines, et le djembé concluant la chanson Bayati Blues, par exemple, ne s’intègre pas tout à fait à l’ensemble. Néanmoins, la fraîcheur de la composition et la qualité de la production font de Laissez-passer un très bon album ; énergie contagieuse.
Lucas Verheij
Vinyle disponible chez Ground Zero et La Voie du Silence