Protomartyr – Consolation

14 minutes du rock le plus caustique, le plus rugueux, c’est le programme proposé par ce court EP.

Un véritable brulôt comme rarement le monde de la musique en allume de nos jours. Pour que le plaisir soit encore plus grand, on y retrouve Kelly, l’une des deux jumelles Deal des Breeders sur les titres Wheel of Fortune et You Always Win.

Sur le premier de ces deux morceaux la voix si reconnaissable de Kelly porte des paroles d’une violence au moins aussi grande que celle subie par des millions d’Américains. Victimes d’une oppression systématique, de brutalités policières, du suprématisme blanc, du patriarcat, des groupes religieux, de l’attitude prédatrice des sociétés de jeux d’argent, du réchauffement climatique, de la pollution de l’eau, n’en jetez plus ! Sur à peine plus de 5 min, c’est ce  panorama cru et sans fard de l’Amérique trumpiste qui compose certainement le meilleur morceau de cet EP.
You Always Win n’est peut être pas aussi impressionnant, mais ici l’instrumentation est beaucoup plus présente. Elle prend même des teintes free jazz qui colorent parfaitement ce titre.

Le morceau d’ouverture est Wait. C’est un grondement croissant qui aboutit à une alarme, le tout ponctué d’un superbe chorus conduit par le guitariste Greg Ahee.

Enfin, le dernier et pas le moindre, Same Face In A DIfferent Mirror laisse transparaître des sentiments qui pourraient s’apparenter à de l’espoir ! Pour y parvenir, il a fallu que tous les membres du groupe s’organisent pour unir leurs forces et concilier les contraires : Rythme musclé mais nuancé pour Alex Leonard à la batterie, envolées arty et puissantes pour Joe Casey.

A l’écoute de Consolation, à l’instar du personnage masqué et casqué figurant sur la pochette, vous êtes prêts à affronter la dureté du monde. La furie et la maîtrise musicales de Protomartyr seront alors vos meilleures alliées.

Nicolas Duquenne