Process de Sampha

Plastic 100°C s’achève, et on s’en relève un peu sonné. Cette voix presque soufflée, des paroles lâchées à regret, infusées d’une mélodie qui gagne en puissance à chaque pulsation… Sampha, c’est la promesse d’une douce introspection.

Le musicien (voix, claviers, séquenceur) a su tirer le meilleur parti de sa voix mordue d’épure, à la précieuse pudeur, en l’habillant de lignes musicales dépouillées, emplies de bruitages naturels (orage, essoufflement…).

Quand le trop court (No One Knows Me) Like The Piano est entamé, on sait qu’on touche alors à un de ces instants uniques : l’artiste rend les armes et livre sa fragilité là, à nos tympans, prêt à prendre les coups, qu’importe. Le courage de la sincérité, et rien qu’une poignée de notes.

Les univers singuliers que Sampha Sissay étire à travers Process sont autant de fenêtres sur son monde, fait de ce bliss singulier, pétri de la perte des êtres chers partis trop tôt. L’artiste déploie des trésors de technique, entre nu-électro, soul, trip-hop, et surprend à chaque morceau (le sublime Timmy’s Prayer).

Orfèvre discret, aux collaborations prestigieuses (Solange – Don’t Touch My Hair, Jessie Ware – Valentine, SBTRKT – Hold On…), Sampha a appris à ciseler son identité, et à nous la livrer sans ambages ; déjà culte, Process est un album rare, qui s’épanouit au fil des écoutes (inoubliable Under), à la générosité contagieuse.

Florine Camara

Vinyle disponible chez Balades Sonores