Memories Are Now de Jesca Hoop
Pour son 4ème album, le 1er sur le prestigieux label de Seattle Sub Pop, Jesca Hoop emmène l’auditeur dans les méandres des temps passés, présents et futurs. L’ensemble des 9 morceaux n’a qu’un seul objectif : nous désorienter. De ce point de vue, force est de constater que c’est une réussite totale ! Impossible de qualifier le style musical de Jesca Hoop tant les repères habituels, rock, folk, americana sont mouvants.
L’instrumentation minimaliste se résume à une guitare; accordée tantôt façon contrebasse sur le titre d’ouverture de l’album Memories Are Now, tantôt façon banjo Songs Of Old, tantôt façon kora Animal Kingdowm Chaotic. La voix acrobate de Jesca Hoop accompagne chacun de ces climats musicaux avec une maîtrise remarquable. En véritable mezzo-soprane, le titre Songs Of Old offre l’occasion de découvrir un beau timbre mat, tandis que le titre Pegasi est chanté dans un médium agile également dans l’aigu.
Ces qualités musicales ne réussissent cependant pas à faire disparaître l’impression que l’album est poussif, notamment avec des morceaux comme The Coming, particulièrement incongru ici puisque arrivant en dernière piste du LP, ou avec Simon Says absolument interminable malgré ces 3 courtes minutes. Ce titre peut d’ailleurs illustrer à lui seul la faiblesse majeure de cette production : l’usage intensif de l’overdub. Cette technique consistant pour l’artiste à jouer sur une boucle pré-enregistrée et dont l’enregistrement simultané devient la boucle suivante. Si sur Simon Says le résultat est véritablement insupportable, il faut admettre que sur Cut Connection l’effet d’entraînement puissant et efficace est particulièrement réussi.
Les titres les plus intéressants sont sans aucun doute The Lost Sky, très belle ballade intimiste construite sur une retenue permanente que l’on perçoit céder par moment, et Animal Kingdon Chaotic, complainte moderne sur fond de cliquetis de machine à écrire vintage, où les possibilités offertes par le monde réel sont restreintes par l’ordinateur qui les refuse (« I say it’s possible, but your computer says no » disent les paroles).
Au final, une absence de ligne directrice et de parti-pris qui lasse plus que ne donne à se souvenir du moment … passé à écouter Jesca Hoop.
Nicolas Duquenne
Vinyle disponible chez Balades Sonores