Kabuki femme fatale de Kumisolo
Si les hirondelles annoncent habituellement le printemps, il se peut bien que cette année Kumisolo prenne leur place. Son nouvel album à paraître en Avril Kabuki Femme Fatale est un assortiment coloré de pop acidulée qui nous invite à sortir gaiement et à siffloter le nez en l’air, probablement sous les cerisiers en fleurs.
Tout au long des 11 morceaux, Kumisolo joue avec les stéréotypes sur le Japon et ses habitants. Évidemment, l’esprit de l’auditeur occidental crée inévitablement les associations mentales habituelles et le projette dans une BO de Myazaki ou dans une capsule spatiale rétro futuriste. Les paroles font tantôt référence à des expériences personnelles vécues au pays du soleil levant, tantôt à des personnalités japonaises comme une joueuse de ping-pong ou encore une mannequin des années 80.
La légèreté des propos est revendiquée comme la marque de fabrique des idoles pop françaises des sixities. On pense immanquablement à Françoise Hardy, bien sûr pour la démarche artistique globale : mise en scène très travaillée, attitude faussement désinvolte et poésie nichée dans chaque couplet.
Mais le plaisir de l’écoute de Kabuki Femme fatale ne s’arrête pas là. Un aspect particulièrement accrocheur de cette prochaine production est le métissage sonore des instruments et des mélodies européennes et japonaises. Des tambours japonais marquent le rythme tout au long de Jungle Lady et des flûtes viennent compléter l’harmonie asiatique, la voix de Kumisolo ondule sur des paroles japonaises dans « Kabuki femme fatale ». Mais c’est une caisse claire pouvant donner l’impression de bal musette sur Kung-fu Boys qui accompagne la mélodie composée avec la gamme pentatonique typique de la musique asiatique. Au Voyage qui engage l’album succède le très réussi La tête ailleurs, une ballade psychédélique absolument formidable et envoûtante qui restera en tête pour le restant de la journée.
Il serait vraiment injuste de ne pas prendre quelques instants pour remercier les musiciens qui accompagnent Kumi à nouveau de moins en moins solo. En effet, on retrouve Nicolas Lockaert, de Fishback, à la basse, Raphael Léger de Tahiti 80 à la batterie ; il y est pour beaucoup dans l’ambiance psychédélique qui parcourt l’album. Enfin, la présence d’un sax ténor sur plusieurs pistes arrive comme une cerise jazz posée sur un délicieux gâteau kawai.
Un album à attendre donc en toute impatience , et à écouter en toute gourmandise.
Nicolas DUQUENNE