John Lewis & Sacha Distel – Afternoon in Paris
Début décembre 1956, le Modern Jazz Quartet joue tous les soirs au Club Saint-Germain. John Lewis, directeur musical de ce quartet, adore Paris où il est souvent de passage. Lors de son séjour précédent dans la ville lumière, il s’était lié d’amitié avec Sacha Distel, jeune guitariste talentueux notamment inspiré par Jimmy Raney. C’est l’oncle de Sacha, le chef d’orchestre Ray Ventura, qui eut le premier l’idée de publier sur son label Versailles, un album réunissant son neveu et le Modern Jazz Quartet. Ce projet, dans un premier temps abandonné pour des raisons contractuelles, prend finalement la forme d’une rencontre entre John Lewis et Sacha Distel. Afternoon in Paris est enregistré pour le label Versailles, les 4 et 7 décembre 1956, avec deux sections rythmiques différentes et le jeune Barney Wilen au saxophone ténor. Le contrebassiste Pierre Michelot et le batteur Connie Kay couvrirent la première séance, le contrebassiste Percy Heath et le batteur Kenny Clarke assurant la seconde.
Ce disque mythique est un très beau témoignage de la période jazz de Sacha Distel qui fait une prestation remarquable sous la férule inventive du pianiste John Lewis. Il cultive le goût de la phrase légère, magnifiquement articulée, déploie un discours fluide et élégant. Une bien agréable façon de se rappeler que Sacha Distel était avant tout un grand guitariste de jazz, avant de devenir le crooner un peu mièvre des années 1970 et 1980 que l’on voyait souvent à la télévision. Ce n’est pas sans raison s’il fut nommé deux fois « Meilleur guitariste français » par la célèbre revue Jazz Hot. Quant à John Lewis, son art de broder de fines dentelles mélodiques modelées de lumière et de silences est un pur enchantement. Il ne manque jamais ni d’imagination ni de grâce et peint chaque morceau de couleurs mordorées avec un dessin très net. Barney Wilen est un partenaire attentif : il réussit avec maestria tous ses chorus et fait preuve d’un sens de la musicalité qui force l’admiration. Section rythmique impeccable et solide sur les deux faces du disque. Ces six morceaux instrumentaux permettent ainsi de découvrir et d’apprécier un jazz sensible, délicat et séduisant, typique à Paris dans les années 1950.