Jay Mitta –Tatizo Pesa
Producteur des studios Sisso à Dar El Salam en Tanzanie, Jay Mitta a rejoint le label africain qui monte actuellement : Nyege Nyege Tapes.
On est en présence ici d’un monde nouveau qui s’offre au public européen. Et ce n’est rien de dire qu’il va falloir un certain effort d’adaptation. La scène musicale de ces contrées lointaines est ultra active et bouillonnante ; capable, en moins de 4 ans de mettre en place un festival annuel entier dédié aux nouveaux artistes est-africains et aux styles qu’ils développent. Festival heurtant d’ailleurs chaque année le pouvoir politique local qui confond toujours musique électronique et débauche. Cette année encore, un mois avant son ouverture, le festival était interdit. Il a pourtant eu lieu en septembre dernier lorsque le président revint sur sa décision. Preuve que les artistes font toujours bouger les lignes !
En Ougandais, « Nyege Nyege » correspond à une furieuse envie, aussi soudaine qu’incontrôlable, de danser. Avec un beat jamais inférieur à 180 bpm, le Singeli de Tanzanie fait le job ! Ce style musical se propage comme une traînée de poudre auprès de la jeunesse. Accélérant à l’extrême le Kuduro et flirtant sans vergogne avec la trance, le singeli n’est pas fait pour les mous du genou et les tympans délicats !
Dans cet album, Jay Mitta invite un MC de 14 ans, Dogo Janja, sur le morceau-titre Tatizo Pesa. Cette participation ajoute une touche rap, en swahili excusez du peu, conduite sur un flow absolument démentiel. Amis polyglottes, régalez-vous !
On l’aura compris, l’album penche sérieusement du coté des musiques ultramodernes et ultramondialisées : Si c’est aux Pays Bas que le mouvement Gabber est né, on pourra désormais affirmer que la Tanzanie est le berceau du Singeli.
Cela étant dit, ne nous mentons pas. L’écoute de l’album de bout en bout est une gageure. Il faut s’accrocher aux sonorités réconfortantes d’un synthé rappelant le Kwaïto sud-africain, et décider d’un lâcher prise absolu pour relever le défi.
C’est une musique intense, instinctive et festive ne demandant ni plus ni moins qu’un abandon total de nos repères habituels certes rassurants mais si souvent ankylosants.
Une découverte à coup sûr !
Nicolas Duquenne