Jack White – Boarding House Reach
Le rock est une religion et son dernier prophète s’appelle Jack White. Sa vision géniale de la musique a énormément contribué à raviver la flamme de ce genre malmené dans les années 90 par le hip hop et l’électro. Pour ceux qui ne connaissent pas l’homme de Détroit, il est le leader des White Stripes, des Raconteurs, des Dead Weather. Et surtout le président de Third Man Records, un label indépendant qui a conquis le cœur des amateurs de vinyle et de bonnes musiques.
En 2012 il a clos le premier grand chapitre de sa carrière – les White Stripes – pour se lancer en solo. Un pivot réussi dans son odyssée musicale. Le cap changea, le son primaire et brut s’est substitué à un son plus étoffé et structuré. La trinité de couleurs aussi : le bleu/blanc/noir a pris le dessus sur le rouge/blanc/noir.
Son dernier projet solo Boarding House Reach sort du cadre de ses prédécesseurs, Lazaretto et Blunderbuss. Beaucoup plus expérimental, plus tribal, plus futuriste. La colonne vertébrale est certes rock (avec la guitare et la voix de Jack) mais on part dans plein de directions différentes. La batterie laisse de la place aux congas. Les claviers deviennent funky et jazzy et nous rappellent la fusion jazz-rock 70s de Miles Davis et Herbie Hancock. Il y a plus de synthés et d’effets électro. La voix épouse des timbres et des sons différents, avec ou sans distorsion. On est surpris par cet éventail sonore qui nous est proposé : le rock peut à tout moment dériver vers un groove funky, une voix en spoken word ou hip hop, des riffs et des lignes de basse heavy, un piano jazzy, un appel à la révolution dans un style très Curtis Mayfield, un blues ou une berceuse !!
La (ou plutôt les) directions prises Boarding House Reach vont certainement lancer un grand débat sur la qualité de cet album et le droit d’un artiste de rompre avec son passé et se renouveler. Personnellement je trouve qu’on est en présence d’un sommet et un virage dans sa carrière. Toutes les portes de la fusion sont ouvertes. Les portes de l’enfer pour les puristes. Les portes du paradis pour ceux qui voient que l’avenir de la musique – comme celui de l’humanité – passe par le mélange des genres.
Christos Agoros