I See You de The XX
L’annonce d’un album de The XX fait toujours l’effet d’un tsunami sur la planète musique.
La publication du clip de On Hold en décembre laissait présager du meilleur.
A l’écoute d’ I See You, il faut reconnaître une certaine déception. The XX a mis la barre tellement haut avec leurs premiers albums (XX – 2009 et Coexist – 2012) que les attentes pour ce troisième opus étaient, peut-être, anormalement démesurées.
A l’entame du disque, on reconnaît directement la patte de Jamie. Rythme dancefloor d’entrée de jeu. Il est évident que nous sommes loin de la basse planante d’Intro. Tout ce qui avait engendré l’univers de The XX semble s’effondrer. L’auditeur cherche en vain LE son que le groupe a tissé tout au long de ces années. Les guitares en arpège crystalline, les nappes de synthés abyssales. Il faut attendre Lips, le troisième morceau de l’album pour, enfin, se raccrocher aux voix siamoises de Romi et Oliver.
Performance est la première perle format XX, ou l’on retrouve le son minimaliste. Le temps semble s’arrêter tant l’émotion est à son comble, et l’on pense que tout n’est peut-être pas perdu. Replica confirme ce sentiment. Un accord de guitare entêtant. Un titre cousin d’In the City des Chromatics et le ciel se dégage. Malheureusement, la joie s’arrête subitement avec un Brave for you décevant. Arrive On Hold, single qui ne demandera qu’à être remixé. Un morceau dans la droite ligne de ce que produisait Jamie sur son album solo. Plus vraiment une surprise. I dare you, que je pourrais pressentir comme prochain single est une autre exception à la règle. Sur un tempo plus rapide, les voix sont posées harmonieusement. La plus grande déception vient de Test Me. Ce qui pouvait être la plus belle chanson de l’album s’arrête bien trop tôt. A peine rentré dans l’univers mélancolique du morceau, alors que l’auditeur s’attend à des envolées lyriques, un silence, qu’on croyait temporaire, nous annonce la fin. Du single. De l’album. Et on a un goût de trop peu. Certes, The XX a su développer sa marque de fabrique, construire un univers propre, dénué de toute contrainte, exprimant librement leurs sentiments. C’est une arme à double tranchant car beaucoup ont adhéré à ce son minimaliste. Et quand le musique devient trop rationnelle, elle perd de son âme, surtout si on l’a vendue au diable. Dommage.
Sébastien Beel
Coups de cœur de Balades Sonores et Pop Culture Shop