I Dreamed An Island de Piers Faccini

janvier 2017 |

Le voyageur n’arrive jamais. A peine les kilomètres avalés, à peine atteint le point de chute tant attendu, déjà, il songe à son nouvel ailleurs. Piers Faccini a ceci de précieux qu’en chemin, il n’oublie jamais son auditoire, tout près de son cœur.

Il enrichit, au fil des albums, son sens aigu de la composition, son souhait bien affirmé de brouiller les pistes, insérant de la littérature à ses mélodies, des fredonnements à son jeu de guitare, brisant la boussole, et nous laissant, à chaque titre, presque ivres, extatiques.

Un musicien, un chanteur, un auteur, un dessinateur, un photographe (il signe d’ailleurs l’artwork de l’album), Faccini n’hésite pas à adopter des intonations propres aux chants orientaux, italiens, à parsemer ses compositions de langue anglaise, arabe, sicilienne, française.

Cette générosité s’épanouit également par un site internet créé tout spécialement à l’occasion de l’élaboration et de la sortie de son nouvel opus, I Dreamed An Island, treize ans et une dizaine de disques après le chef d’œuvre qui l’a révélé, Leave No Trace. Il y partage ses œuvres, ses découvertes, ses rencontres, des vidéos inédites, un peu de cet autre temps souvent inconnu du public, bien en amont de la sortie.

Toujours s’entourer d’émotions troublantes, parfois abruptes, de musiciens de tous horizons (Jasser Haj Youssef et son violon, Malik Ziad, sa voix et sa mandole…). Dès To Be Sky, le ton est donné, l’aube et la route seront le fil conducteur.

Si Comets ramène aux chansons de marin fredonnées entre deux nuits d’ivresse mélancolique, Cloak Of Blue donne à la nostalgie toute la place qu’elle mérite. Les frissons ressentis sur Oiseau sont autant d’histoires d’amour en devenir. Et puis Drone, qu’on ose réécouter sans se lasser de cette chaleur diffuse.

Combien de vies a-t-il donc traversé pour rappeler avec autant de justesse la richesse d’une existence bien plus aventureuse qu’on aime à le penser ?

Florine Camara

Coup de cœur de Balades Sonores