Banzeiro

Banzeiro de Dona Onete

juin 2017 |

Si « aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années », Ionete de Silveira Gama, dit Dona Onete démontre que le nombre d’années n’empêche pas le talent. A 77 ans l’ex-professeur responsable des études de l’histoire et des traditions amazoniennes brésiliennes sort son second album. Cinq ans après Feitiço Caboclo, « le charme métis » (littéralement) opère toujours.

Il est important de connaître un peu le parcours de Dona Onete pour savourer pleinement sa musique.  Spécialiste universitaire des chants, rythmes et des danses du Nordeste brésilien, l’idée d’une carrière de chanteuse professionnelle ne lui effleure pas l’esprit. Ce n’est qu’à l’âge respectable de 70 ans qu’elle est entendue dans un bar par un petit groupe local. Surpris par la jeunesse de la voix et la teneur explicite des paroles (Proposta Indecente, merci pour la traduction anglaise des paroles dans la pochette intérieure), elle se laisse convaincre d’enregistrer son premier disque. C’est le début de la success story et de la programmation de la tournée européenne (UK, Paris, Sinès, …) et américaine.

Banzeiro fait référence à la vague créée par le passage d’un bateau sur l’eau (on comprend alors la magnifique photo de pochette). Nul doute que Dona Onete surfe un bon moment sur le sommet de cette vague.

L’ensemble des 12 titres est d’une efficacité redoutable : les rythmes sont une fusion des styles brésiliens, caribéens et africains. On y trouve par exemple du ska sur la plage titulaire. Point de samba, de bossa ou de salsa, c’est le Nordeste rude et âpre qui nous happe avec Lua Jaci sur un rythme de Carimbo. Les compositions sont puissantes et authentiques, les effets sur l’auditeur immanquablement dansants.

Bien sûr cette nouvelle venue de 77 ans dans le paysage des musiques d’ailleurs fera gloser les grincheux. Depuis la disparition de la maîtresse Cesaria Evora, on cherche à combler l’absence. Calypso Rose l’an dernier, Dona Onete cette année ?

Jules Renard l’a bien dit : « Il faudrait renaître une vie pour la peinture, une autre pour la musique, etc…En trois ou quatre cents ans, on pourrait se compléter ». Alors, à moins de 80 ans, tout ne fait que commencer pour Dona Onete et ses futurs auditeurs.

Nicolas Duquenne

Vinyle disponible chez Balades Sonores