Thylacine Transsiberian

Transsiberian de Thylacine

janvier 2016 |

Le voyage en train

Dénomination d’un loup, présent surtout en zone australe, il est le nom d’un cousin du diable de Tasmanie. Aujourd’hui disparu, il est maintenant pour nous, un faiseur de rêve musical. Je ne pourrais appelé DJ (pour Disc Jockey) cet artiste dans le cas actuel, car je vous conseille d’acheter Transsiberian en vinyle ! Et surtout parce que Thylacine, ne dompte pas les disques dans cet album mais il tente d’enfourcher, un songe, un flux, l’âme russe.

On peut voir sur Youtube, une courte série documentaire de ce voyage qu’il entreprit entre Moscou et Vladivostok. Parti à bord du transsibérien avec un ordinateur et quelques boîtes rythmiques ou autres claviers magiques, il entreprit un long voyage à travers la Russie pour trouver ce que chaque voyageur recherche, le son. Nous recherchons des sons nouveaux, celui des pieds sur le sable ou sous la neige, le bruit des restaurants inconnus, du vent dans les plaines, des roulettes de valise sur les pavés, des trains ou des sanglots du départ. Je ne saurais trop dire s’il est préférable de l’écouter lors d’un voyage ou pas, car j’ai fait les deux (une écoute entière dans un bus longue distance, et ensuite dans Paris avec des pauses). Il est certain qu’il faut l’écouter dans l’ordre, Transsiberian s’écoute comme une narration. Il ressemble à un livre, qui raconte une histoire précise mais par laquelle grâce à notre imagination et à ce que l’on vit à l’instant T, on placera des images changeantes. Le lieu ou l’on se trouve, Thylacine précise son attachement aux lieux, comme un voyageur parcourant le monde avec comme meilleur compagnon : le spleen. Chacun de ses morceaux ondule entre espoir infini et chantante mélancolie. Une petite introduction sonore, puis la mise en espace : « Train » et les bruits de roues sur les rails, départ en puissance avec le mélange du plaisir de l’aventure et une sorte de pointe d’inquiétude de l’inconnu.

Belobezvodnoe, avec le début d’une chanson traditionnelle, que l’on peut voir dans le reportage par ailleurs. Avec ce titre, plus d’inquiétude, seuls les paysages défilent car nous, nous sommes redevenus unique. On pourrait trouver des analogies avec de sentiments que l’on ressent avec Rone, mais sans aller plus loin dans la comparaison.

L’album va continuer à dérouler les kilomètres avec simplicité, et nous le suivre sans résistance. De belle facture, d’une idée pertinente, de voix douces, et de mélodies enivrantes, Thylacine nous prend par la main pour nous montrer la Russie de la plus belle des manières, avec l’âme.

Paul Defais

Vinyle disponible chez Balades Sonores