Tony Allen & Jeff Mills – Tomorrow Comes The Harvest
Qu’attendre de la rencontre de géants de la musique venus d’horizons si différents que ceux de Tony Allen et Jeff Mills ?
D’un côté, le batteur et père fondateur de l’afrobeat des ensembles de Fela, dès les années 70. De l’autre Jeff Mills, étendard de l’écurie techno de Detroit, Underground Resistance dans les 90’s.
Il est vrai que depuis quelques mois, les mariages afro-pop, afro-techno, afro-rock et autre afro-truc fleurissent un peu partout. Fort heureusement pour le plus grand soulagement des tous, ces unions hétéroclites se terminent rapidement par une séparation bienfaitrice et salvatrice des 2 parties.
On ne décide pas qu’une greffe prenne, il faut une compatibilité totale, une identité génétique commune. Pour Tony Allen et Jeff Mills, la batterie est leur A.D.N. commun. Avec lui, l’émergence d’un son jazzy est une évidence. L’ensemble des titres de « Tomorrow Comes The Harvest » est parcouru par ce fil conducteur plus authentique et créatif que jamais.
Autour de celui-ci vont s’agglomérer les particularités de chaque musicien Celles-là mêmes qui les ont dressés en véritables mètres – étalons de leur style. Sur On The Run, Jeff Mills est identifiable dès les premières séquences, alors que c’est la cadence de Tony Allen qui va guider l’ensemble de The Seed. Un dialogue permanent entre les pistes de l’album et au sein même de chaque morceau s’établit avec une très agréable subtilité.
Lors d’une récente interview Jeff Mills indiquait que l’objectif affiché de cette collaboration était de créer « quelque chose de plus grand que ce que chacun peut faire. » Pour filer la métaphore biologique, c’est une symbiose parfaite qui est ainsi mise en place sous nos oreilles ! Selon Tony Allen, qui a multiplié les apparitions ces dernières années, tant en live qu’en studio, (Damon Albarn, Charlotte Gainsbourg….), la raison principale de cette parfaite entente entre les deux musiciens tient au fait que » Jeff est capable de jouer avec moi, alors que c’est généralement moi qui peux jouer avec les autres…., pas l’inverse »
La modestie mise à part, on peut reconnaître à Tony Allen sa lucidité et la véracité de ses propos.
Nicolas Duquenne