The Visitor de Kadhja Bonet
Sommes-nous les heureux visiteurs du monde de Kadhja Bonet, ou est-elle venue nous rendre visite depuis le sien ? Les 30 minutes que compte cette première production de l’artiste signée sur le label Fat Possum Records n’apporteront pas de réponse, mais un bonheur total.
L’introduction de ce mini-album, Earth Birth est en tout cas la bande originale de la naissance d’un nouveau monde musical. Celui d’une artiste incroyable de 28 ans, surdouée, en n’en pas douter, tant le parcours des 8 morceaux embrasse des styles et des ambiances éclectiques, et est jalonné de références à de prestigieux prédécesseurs.
Pour autant rien n’est jamais pompeux, factice ou calculé. Kadhja Bonet est une pierre gemme à l’état brut, un don de mère Nature, un saphir façonné par d’invisibles mais irrépressibles forces. Tout est juste, sincère et authentique : la voix, la flûte, les cordes qu’elle maîtrise parfaitement, les claviers très grooves d’Itai Shapira et la batterie subtile de Te Amir Yohannes Sweeney. Aucune post-production studio ne vient empeser des compositions qui se suffisent à elles-mêmes.
Sur le titre Honeycomb, c’est une Soul soyeuse et onctueuse que construit la voix de Kadhja Bonet. Elle atteint d’ailleurs la même justesse et la même précision que celles des alvéoles d’une ruche, évoquées par le titre.
The Visitor déambule et s’émerveille de tant de volupté et de tant de beauté. Le timbre chaud de notre artiste désormais favorite nous guide tel un fil d’Ariane réconfortant. Et quand celui-ci vient à rompre, c’est une puissante ligne d’orgue qui nous accompagne jusqu’à l’extrémité de la piste.
Avec la reprise de Portrait of Tracy, Kadhja Bonet rend un hommage émouvant à Jaco Pastorius ; sa haute tessiture vient s’installer sur le phrasé que tenait à l’origine la basse en 1976.
Ces 8 pistes sont au final autant de facettes scintillantes que porterait un somptueux joyau dont le plaisir offert par la contemplation grandirait jour après jour, écoute après écoute.
Nicolas Duquenne
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