Sampa the Great – The Return
A 25 ans, la chanteuse originaire de Zambie désormais installée à Melbourne livre son premier album. Si on ne prend pas en compte les 2 premiers EP sortis l’an passé, « The Return » constitue une véritable introduction au travail de cette jeune artiste.
C’est en dehors des chemins habituels des productions musicales actuelles qu’il va falloir découvrir cette rappeuse. Loin des égotrips chers aux porteurs de chaînes et incisives en or massif, Sampa justifie son surnom de « the Great » comme étant l’objectif à atteindre. L’ensemble des titres qui composent ce long album sont autant de marches sur le chemin qui conduira Sampa vers son objectif.
Les titres sont variés, les styles le sont aussi et les thèmes abordés tout autant. Le rap, le hip hop sont des cultures américaines et africaines. Pour cette raison, les textes sont rédigés en anglais et en Bemba, un des nombreux argots sud-africains parlés par la mère de la jeune chanteuse. C’est aussi un moyen de revendiquer une identité non imprégnée de l’occidentalisation de l’industrie musicale et du monde dans son ensemble.
Pour en venir à la longue liste de morceaux (pas loin de 80 minutes !), on peut regretter que la recherche d’un son personnel n’ait pas totalement abouti. On ne reconnaît que trop peu l’influence sud-africaine dans l’instrumentation choisie. Cela est particulièrement surprenant quand on s’intéresse à l’actualité musicale de cette région parfois considérée comme la « sono mondiale » tant les styles développés et les artistes présents ouvrent en grand les portes de la création !
Les intonations de la voix, le flow penchent, sans être pour autant bancals, vers ce que fait (beaucoup mieux) Kendrick Lamar !
Il est dommage que les bonnes intentions de l’album ne se soient traduites par une composition et une production plus soignées. En musique, comme dans l’art contemporain, il est rare que seul un concept suffise à la renommée d’un artiste.
Sampa devra probablement corriger ce péché de jeunesse qui veut tout englober, tout traiter dans l’urgence : Qui peut produire 2 EP et 19 pistes sur ce LP en un an ? Il faut apprendre à classer, sélectionner, éliminer pour extraire l’essentiel du superflu. Forger son identité comme musicien passe par la musique bien plus que par des déclarations d’intention aux magazines à la mode !
Nicolas Duquenne