Rust and Gold d’Isaac Delusion
Isaac Delusion c’était avant tout une musique onirique et légère alliant folktronica et dream pop. Avec ce nouvel album, le duo parisien (devenu quintet) tente de brouiller les pistes et nous soumet des propositions plus turbulentes, plus exaltées. Par cette prise de risque, le groupe gagne en profondeur et exhume une production tonique et ensorcelante.
Nouvelle équipe, nouveau label. L’album est un pari qui pourra surprendre l’auditeur non averti resté sur l’excellent premier album éponyme. Le groupe affiche ainsi sa capacité à rebondir et exhibe son caractère brutal pour échapper à l’étiquette satinée et vaporeuse qui lui était attribuée.
Rust and Gold s’ouvre sur les babillements de la très jolie Isabella, et s’intensifiera sur 12 morceaux portés par des influences métissées. Les percussions déchaînées de Black Widow illustrent le souhait du groupe de s’éloigner des préjugés. De The Sinner, ballade soul sensuelle, à Cajun, titre surprenant chanté en français, en passant par Distance qui rappelle les excellents Hot Chip, Rust and Gold se veut vibrant et euphorisant.
Autrefois cantonné aux boîtes à rythmes, Isaac Delusion investit dans une production jouée plus excitante. Contraste entre deux matières, l’album alterne épisodes sombres, plus durs et passages lumineux voire enchanteurs. A quelques lieues de la dream-pop qui avait tant séduit auparavant, le groupe prend le virage risqué d’une production électro-pop composite qui pourrait perdre en fluidité face aux mélanges de langues, d’instruments et d’atmosphères.
Composé en autarcie au Point Ephémère, Rust and Gold n’en reste pas moins étonnant et réinvente l’identité de Isaac Delusion désormais nourri de nouvelles ambitions. Il fourmille d’émotions et promet un voyage exotique à chaque visite.
Gwénaël Lamy
Vinyle disponible chez Balades Sonores et Ground Zero