Robert Plant – Carry Fire
En général, les chanteurs des plus grands groupes de rock sont déboussolés lorsqu’ils se lancent en solitaire. La puissance exercée par le groupe et les fans sur eux est trop forte, ils n’arrivent pas voler de leurs propres ailes. Robert Plant est l’exception de cette règle. Depuis la mort de John Bohnam et l’arrêt de Led Zeppelin, il a parcouru un chemin incroyable. Il s’est associé à des musiciens plus ou moins connus pour créer une œuvre éclectique et multidirectionnelle, au grand malheur de Jimmy Page qui attend son retour au vaisseau zeppelinien comme un croyant qui attend son messie !
Avec son dernier groupe, les Sentational Space Shifters, il revient avec un deuxième album au titre très évocateur : Carry Fire. L’inspiration, la flamme artistique ne l’ont toujours pas quitté. Dans la lignée de son grand frère, the Lyllaby and the Ceaseless Road, Carry Fire est un mélange de rock, de folk et d’électronique. Toutes les chansons sauf une sont écrites par les membres du groupe. Les Space Shifters sont des musiciens doués, des multi-instrumentalistes avec un son très coloré. Les djambés, bendir, oud et tambours T’bal côtoient le moog et les guitares.
Robert Plant a écrit comme d’habitude les paroles. Cette fois elles prennent une tournure plus politique. Notre monde avec ses fantômes du colonialisme et la progression du fléau nationaliste sont pointés du doigt du sage. Les migrants aussi. On n’est plus du côté glorieux de Immigrant song des Led Zep mais dans un registre beaucoup plus sombre avec New World. Le poète demande l’éducation du « noble sauvage », du grand frère blanc où sa loi règne dans ce nouveau monde et qu’il faut contraindre à libérer les migrants.
Carry Fire est une ode à la tolérance et à l’amour, une incitation pour qu’on prenne les choses en main et qu’on fasse avancer ce nouveau monde vers la lumière. Pour être porteur du flambeau de l’humanité.
Christos Agoros
Vinyle disponible à La Voie du Silence