Radio Elvis – Ces garçons-là
Radio Elvis, anachronie et Ces Garçons-là
Radio Elvis, c’est trois garçons, ceux-là, dont on parle tous les jours à n’importe quel endroit. Des petites canailles, des racailles, des musiciens, des artistes. Ils ont émergé en même temps que le commencement de la nouvelle scène française il y a quelques années. Cette scène qui reprend les mélodies d’antan, les phrasés d’avant et les tenues des anciens temps, des reprises réussies et contemporaines. Radio Elvis a saisi les subtilités de la langue française avec talent d’ailleurs, on peut discuter avec plaisir des textes des chansons La traversée ou Au loin les pyramides du premier album Les Conquêtes, puissants, forts de sens, rythmés.
Radio Elvis, c’est Pierre, Manu et Colin, trois copains grands comme les blés d’été, sapés, beaux comme des camions. En plus de ça, ils font de belles chansons, et un nouvel album : Ces Garçons-là, à pointer du doigt. C’est malpoli mais on est obligé d’apprécier.
Ces Garçons-là, un album à la sensible masculinité
On commence avec 23 minutes, la chanson dure moins longtemps même si on en veut plus. D’entrée de jeu c’est saccadé, leçons de vie et obstacles, c’est une ode à l’inconnu qui nous hante tous les jours dans tous les pans de notre quotidien. On allume une cigarette ensuite, celle de fin de soirée, celle de la mélancolie et on réfléchit à Ce qui nous fume. On embraye avec L’éclaireur, c’est directement groovy, on commence à hocher du menton. La voix de Pierre monte, il slame, il s’arrête pour déclarer son histoire, ses actes manqués.
New York, la Big Apple, hommage à la grande ville qui aspire l’âme de ses habitants. Radio Elvis exprime à la perfection la relation des citadins à leur ville, inspirant. On accélère avec Fini fini fini, petit rift avant de freiner dans le vide en espérant avec Prières perdues. On ne sait plus ce qui est vrai, petit moment de mou, c’est une chanson sublimée, sublimante, on se perd avec le groupe dans les tréfonds de nos pensées. Dans ces rêveries, on passe chercher un Bouquet d’immortelles, c’est imagé, on retrouve les expressions douces comme de Bleu nuit / Synesthésie, un poème doux-amer. De la candeur amoureuse dans ce monde de brutes, La sueur et le sang versé par la guitare de Radio Elvis. On se saigne le cœur, on tombe avec eux. Selon l’inclinaison, on reconnaît un beat venu de l’autre côté de la Manche.
L’invasion de nuit provoquée par Nocturama pose un voile sur nos esprits pour qu’on puisse enfin visualiser Ces garçons-là, chevauchée épique qui illustre le développement, les peurs et les questionnements d’un homme normal dans toute sa splendeur. Un vrai souffle de fraîcheur avec ce dernier titre, pour clôturer un très bel album, réellement attendu. Deux ans après leur premier album Les Conquêtes, on est toujours séduit.
Hélène Chu