Nubiyan Twist – Jungle Run
Collectif d’une douzaine de musiciens réunis autour de la chanteuse Nubiya Brandon, la nouvelle scène jazz made in UK est décidément luxuriante ! A l’image de cette jungle qui englobe un paysage urbain sur la pochette de l’album.
On serait tenté de dire que c’est bien évidemment Strut Records qui signe le groupe, tant ses compositions s’inscrivent dans la mouvance très actuelle outre-Manche : cocktail de jazz, soul, hip-hop, afro et électro. Le tout savamment dosé et relevé non pas d’une pointe mais de 2 mastodontes ; Tony Allen et Mulatu Astatke. Cumulant plus de 160 ans ensemble, ces monuments de la musique africaine viennent transmettre à la génération de leurs petits-enfants leur savoir-faire et le goût des albums bien réalisés.
Mais au-delà de ce passage de témoin, c’est une mise en relation, un brassage culturel par le biais des individualités qui s’opère tout au long des 10 titres de Jungle Run. Au pays du whisky, il y a des blends fabuleux !
Le percussionniste Pilo Adama, dans Borders pose sa voix sur un air de Bossa absolument délicieux.
Auparavant, c’est au Ghana que Basa Basa avait conduit l’auditeur grâce au chanteur K.O.G.
Quelques minutes plus tard, parcourue d’Ouest en Est, l’Afrique révèle son lancinant éthio-jazz au travers du vibraphone de Mulatu Astatke. Le titre du morceau lui-même est une passerelle entre les mondes Addis to London.
Tout en contre-temps et syncopes irrésistibles, Ghosts permet à Nick Richards de glisser son saxophone et sa voix entre les beats afro d’Allen Tony.
On retrouve K.O.G sur They Talk, avant dernier morceau de l’album. Beaucoup plus rapide que les autres, c’est probablement le titre le plus efficace pour libérer son énergie. Ne serait-ce pas d’ailleurs le sax de Shabakka Hutchkings que l’on entend insuffler son groove infectieux ?
En 3 ans d’existence, Nubiyan Twist a clairement su capter le son du métissage. En génétique, le croisement d’individus aux particularités marquées peut aboutir à une « vigueur hybride ». Ces 12 jeunes musiciens de Leeds transposent cette loi biologique au monde de la musique.
Un vrai succès !
Nicolas Duquenne