Marilyn Manson – Heaven Upside Down
Sirènes, lumière rouge, panique et bordel dans les rues… Les premières secondes de l’album, aux samples oppressants succédé d’un riff aussi heavy qu’efficace, nous plongent immédiatement en état d’urgence, et ne laissent présager qu’une seule chose, narcissiquement, trompettes de Jéricho à la main : le retour, toujours très attendu, de Marilyn Manson.
Deux ans après le très acclamé The Pale Emperor, Marilyn Manson nous revient avec ce Heaven Upside Down, dixième album de la formation, et deuxième collaboration avec le producteur et compositeur Tyler Bates. Entouré également de Gil Sharone et de Twiggy Ramirez, Manson nous livre un nouvel opus de dix chansons, construit cinématographiquement autour du triptyque Revolution #12/Saturnalia/Heaven Upside Down et abordant ses thèmes de prédilection : violence, amour, politique, sexe…
Que dire de ce nouvel album, passé la mise en oreille efficace de Revolution #12 ? Aux allures de fourre-tout musical, influences multiples et déconcertantes, tentatives de faire du neuf avec du vieux, fan service, prises de risques et fainéantise, Heaven Upside Down apparaît comme un album aussi varié et schizophrène que son auteur lui-même.
Teasé en avril dernier sur le compte Instagram de l’Antéchrist (pour les intimes) par une série de courtes vidéos aussi macabres que dérangeantes, ce nouvel album fut introduit par son premier single WE KNOW WHERE YOU FUCKING LIVE, chanson aussi ennuyante qu’entendue mille fois au préalable, et présentée par un clip tout aussi peu efficace. L’impression d’une mise en abyme détestable, d’être bloqué en mode repeat, à regarder M.M braquer une maison d’une banlieue bourgeoise avec son gang de nonnes sexy et armées. Au programme : home invasion, strip-tease, face fucking et crucifix. Bref. Rien de neuf sous le soleil (de Satan).
So you say « GOD » and i say « SAY10 »… Avec son beat d’intro et ses sonorités de guitare si particulières, cette chanson, à l’influence Nine Inch Nails évidente, se présente comme le gros gros tube de l’album. Imaginant aisément les lycéens du monde entier scander son refrain, entre deux spliffs et un cours de maths, SAY10, qui devait à l’origine être la chanson éponyme de l’album, s’avère être très efficace et amène un regain d’intérêt et d’énergie en piste 4 entre deux (trois ? quatre?) chansons bien moins intéressantes.
Pervers, sale et gore à souhait, le noir et le blanc contrastés, son clip, esthétiquement très réussi, nous fait l’offrande d’un Johhny Depp en featuring, pour une prestation qui ne saurait laissé indifférent.
Quelques belles surprises sont éparpillées sur la tracklist, comme de l’électro plaisant sur Tattooed in Reverse, nous rappelant Skrillex et sa collaboration avec KoRn en 2011 ; Saturnalia évoquant le décès de son père ou encore le gros coup de coeur Blood Honey, empruntant énormément à la scène gothique et au post-rock, affublée de magnifiques mélodies, et d’une rythmique lourde et lancinante.
A l’instar d’un Jesu ou d’un Paradise Lost, Blood Honey est le genre de chanson que tu te verrais bien écouter en boucle un soir morose de rupture, la dépression dans une main, la bouteille de Scotch dans l’autre.
Ponctué d’autres pistes dont l’ennui nous pousse à ne pas en parler, Heaven Upside Down manque cruellement de parti pris, allant piocher à droite à gauche, voulant plaire au plus grand nombre, on y retrouve même de façon anecdotique du Mechanical Animals ou de l’Antechrist Superstar. Au final, on est dans ce genre d’album qui ne mettra personne d’accord, trop varié et si peu homogène, mais pas mauvais pour autant, un album où tout le monde y trouvera son compte, mais peut être pas sur toute sa longueur.
Raphaël Bellard