Jing – Adularescence
Adularescence : un titre d’album complexe comme pour contrebalancer un nom d’artiste trop simple : Jing. Un nom d’album qui effraie bien plus surement qu’il n’attire. L’adularescence est un phénomène optique propre à quelques minéraux scintillants. Quel lien avec une production musicale me direz-vous ? Certainement pas un clin d’œil narcissique et étincelant de l’artiste sur sa « pépite » musicale. Mais plutôt une conception très orientale (Jing est originaire de Taïpei) de la vie et donc des créations humaines où deux opposés se complètent, où la dureté minérale peut s’associer aux sentiments organiques les plus profonds. Le Ying vient compléter le Yang.
Ce mini-album publié chez 6 dimensions est édité à 300 exemplaires, numérotés à la main.
Jing désormais résidente berlinoise produit ici son premier travail. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne ressemble à rien de ce que se fait actuellement. On peut alors parler d’album concept, entre spoken-word et instrumental technoïde. Jing raconte une histoire reprise en intégralité sur la pochette du disque (en anglais et en chinois, envie aux amateurs !). Ses compositions en sont alors les illustrations sonores. Le synopsis suivi ici évoque la jouissance procurée à un homme par la vue nocturne de la pleine lune et le coût physique de cette jouissance par le prélèvement de 3 millimètres de chair. La souffrance comme rétribution de la beauté. L’accès au plaisir soumis au sacrifice et à l’effort.
Cette association sensorielle et charnelle, extatique et douloureuse résume parfaitement les sentiments qui se forment à l’écoute d’Adularescence. Immersion totale recommandée pour ce mini-album, pas question de passer d’une piste à l’autre et d’en laisser de côté. L’expérience se doit d’être complète et, se déroulant de la sorte, permettra d’apprécier le déploiement subtil des textures sonores et des atmosphères musicales.
Certes, vous avez beau être prévenus, Adularescence ne se livrera pas facilement. La première écoute pourra vous paraitre décevante, la seconde surprenante, puis immersive pour la troisième… à moins que ce soit pour la quatrième.
Il faudra donc multiplier les écoutes et prendre le temps d’apprécier. Ne serait-ce que pour cet effort nécessaire, le temps rendu à sa juste valeur, Merci Jing pour ce bel objet.
Nicolas Duquenne