Un instant avec… Bruno Major

novembre 2017 |

Bruno Major sort son premier album studio cette semaine, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’agit d’un projet atypique et ambitieux. Le jeune Londonien se donne un an pour enregistrer un titre par mois selon le cycle de la lune, ce qui explique le choix du titre de l’opus, A Song for Every Moon. On y retrouve une atmosphère mélancolique, poétique et en même temps très rythmée, tandis que sa voix ne manque jamais de nous faire rêver. Retour sur une interview au cours de laquelle Bruno s’essaye au français tout en évoquant entre autre l’origine de son album, ses influences et sa définition de la musique.

Le concept de ton album A song for every moon est assez particulier. Comment as-tu eu l’idée d’écrire un morceau pour chaque lune ?
J’avais une chanson déjà terminée qui était Wouldn’t mean a thing et je voulais la poster sur internet sans attendre. Il y a ce cauchemar que je faisais souvent dans lequel j’essayais de quitter mon appartement mais je ne pouvais pas parce que je n’avais pas mis mes chaussures ou mon pantalon, parce que j’avais oublié mon portefeuille ou n’importe quoi d’autre, et j’étais sûr que c’était lié au fait que je n’avais toujours pas sorti mon titre. C’est pour cela que j’ai décidé de le mettre en ligne et de continuer en composant un titre tous les mois. Au départ je voulais écrire une chanson par mois pour le reste de ma vie mais ce n’est pas la solution la plus économique donc faire cela pendant un an et réaliser cet album était une sorte de compromis pour moi.

Quels sont les trois mots que tu utiliserais pour décrire ce disque ?
Je pense qu’il est honnête, personnel et chaleureux.

Tu as un concert prévu au Pop Up du Label. Comment te sens-tu en général avant de jouer ?
En général très stressé, malheureusement. Au moment d’arriver sur scène je me sens très bien, c’est la meilleure sensation au monde, mais les deux heures avant le concert sont horribles. Je ne sais pas pourquoi je suis si stressé, c’est irrationnel mais je ne peux pas m’en empêcher.

Que préfères-tu entre composer tes titres en studio et les jouer sur scène ?
Ce sont deux expériences complètement différentes et donc difficilement comparables. Pour moi, créer et composer, c’est la partie « travail » du métier d’artiste alors que jouer en concert est la célébration de ce travail, mais j’aime les deux autant l’un que l’autre.

Penses-tu que tes influences blues et jazz se ressentent dans ta musique malgré le fait que ta musique soit plutôt pop-folk ?
Oui, je pense. En fait, jusqu’à mes 16-17 ans j’écoutais surtout de la musique classique, et c’est à partir de cette période que je me suis intéressé au jazz. Et maintenant le jazz est l’essence même de ma musique, c’est au cœur de tout ce que je compose. Les accords, les paroles, tout est principalement inspiré de grands titres américains. Cole Porter, Jerome Kern, Jimmy Van Heusen, George Gershwin… Tous ces compositeurs des années 30, 40, 50 m’inspirent beaucoup.

As-tu déjà commencé à réfléchir à ton prochain projet ou préfères-tu rester concentré sur la tournée pour l’instant ?
Pour le moment je suis concentré sur A song for every moon. Pour mon prochain album je veux réussir à trouver un projet aussi intéressant que celui-ci mais aussi totalement différent. Hier, j’étais dans un café parisien et j’ai eu une idée très excitante mais que je ne veux pas dire pour l’instant…

Si tu pouvais collaborer avec n’importe quel artiste, qui choisirais-tu ?
Je voudrais écrire une chanson avec Randy Newman, jouer de la guitare avec Joe Pass, parler d’harmonie avec Beethoven et parler de jazz avec Django.

Quelle définition donnes-tu à la musique ? Dans quelle catégorie te classifierais-tu ?
Pour moi, le cœur du morceau, c’est la chanson, les paroles. C’est le plus important, l’élément principal, alors que la production et les instruments sont secondaires et sont là uniquement pour servir l’essence du morceau. Quand je joue une chanson au piano et à la guitare, il n’y a besoin de rien d’autre. Au final tous les éléments que l’on ajoute habillent le morceau avant qu’il soit présenté au monde, mais le cœur s’en tient vraiment aux mots et à l’accompagnement le plus simple. J’aimerais beaucoup réussir à écrire des chansons comme celles de Randy Newman tout en ayant la musicalité de D’Angelo. Ce sont deux artistes très différents donc il y a une dualité dans cette comparaison mais c’est parce que pour moi il faut vraiment voir chaque morceau comme un être fait de plusieurs parties. Les paroles représentent la tête alors que la musique, c’est le cœur et le corps. D’après moi il faut d’abord écrire la chanson puis ensuite s’occuper de la partie musicale.

Quel est d’après toi le meilleur album de l’année ?
Question difficile… mais je choisirais Dark Matter de Randy Newman.

Lydia Mdjassiri