Fasokan de Luka Productions

avril 2017 |

Le label Sahel Sounds produit depuis plusieurs années les compositions traditionnelles d’artistes d’Afrique de l’Ouest contemporains ou plus anciens. Avec Fasokan, c’est un nouvel aspect de la création moderne africaine qui est mis en avant : les instruments traditionnels sont bien là, balafon, tambour et kora, mais arrangés avec des boites à rythmes créatrices d’ambiances électro plutôt tranquilles voire planantes. On pourrait penser qu’on tient là un renouveau de la world music, avec un son plutôt original et rarement entendu.

Malheureusement, les morceaux tournent rapidement en boucle sur eux-mêmes. Le style zen, méditatif avec une rythmique basique et répétitive et quelques paroles plaquées façon spoken-word courent rapidement sur le haricot de l’auditeur le plus ouvert à la diversité musicale. Après Yelen et Terriya la zénitude espérée s’est évaporée tout aussi efficacement qu’un verre d’eau renversé sous le soleil de Bamako en plein midi.

Le trip « musique ethnique » volontairement « originale » avec des titres politiquement accrocheurs comme « l’excision » ne sonne pas du tout sincère et malheureusement, cela se ressent dès la première écoute. Les suivantes, au lieu de tempérer cette impression initiale, la renforcent et conduisent à interpréter les quelques pistes qui auraient pu tirer leur épingle du jeu (le très efficace Dambéfoli, par exemple) comme de nouveaux prétextes à une posture musicale somme toute…. factice.

Le temps d’écoute de l’album qui aurait pu être un moment de relaxation, de découverte de sonorités lointaines ou même un moyen d’échapper à la réalité du présent devient assez vite inconfortable. Il est néanmoins évident que l’état d’esprit de l’auditeur au moment d’écouter Fasokan sera déterminant pour sa satisfaction. Peut-être que certains pourront même rêver pénétrer un monde différent sinon meilleur et dont les compositions présentes sur Luka Productions seront la porte d’entrée secrète.

Nicolas Duquenne

Vinyle disponible chez