Don’t Get Lost de Brian Jonestown Massacre
Toujours aussi prolifique et créatif, la bande d’Anton Newcombe accouche de son 16ème album studio, intitulé Don’t Get Lost (également titre d’un morceau figurant sur leur précédent opus Third World Pyramid) sur lequel figure une brochette d’invités venus de divers horizons comme par exemple la chanteuse norvégienne Emil Nikolaisen, Pete Fraser des Pogues ou encore Tess Parks et Shaun Rivers. Enregistré à Berlin, désormais lieu de villégiature de notre leader à rouflaquettes, cet album est une nouvelle invitation à découvrir d’autres facettes de l’étendue du savoir faire du groupe.
« Ne soyez pas perdu », on l’est forcément un peu à la première écoute de ces 14 titres. Les larons de BJM virent, au-delà du shoegazing et du psychédélisme que l’on connaît bien chez eux, dans diverses formes d’expérimentations audacieuses. Et à vrai dire, au fur et à mesure que ces sons traversent notre esprit, le résultat est plutôt audacieux et réussi, sans être cependant au niveau des merveilles qu’ont été des albums comme Take It From The Man !, Thank God for Mental Illness, ou encore Pol-Pot’s Pleasure Penthouse pour ne citer qu’eux. Don’t Get Lost s’apprécie sur plusieurs écoutes comme une bonne bouteille de vin vieillie en cave.
Chaque morceau se décline de façon très linéaire, très hypnotique voire flirtant avec une certaine dose d’onirisme, reflétant une ambiance, une atmosphère particulière, à l’image du titre d’ouverture Open Mind Now Close ou ensuite Charmed I’m Sure, One Slow Breath et UFO Paycheck, morceaux instrumentaux qui auraient entièrement eu leur place dans une œuvre cinématographique façon Jean-Luc Godard, et jalonnant ainsi l’album de passerelles sonores intéressantes.
Les fondamentaux qui ont fait l’authenticité du groupe californien n’ont pas été mis sur la touche comme le souligne parfaitement Resist Much Obey Little. Le ton est donné, les BJM font ce qu’ils veulent en ces temps d’oppression sur ce shoegaze efficace avant de nous lâcher une « petite bombe », Dropping Bombs On The Sun. Fermez les yeux et laissez vous aller !
La palette sonore s’élargit sur des sonorités jazzy avec Geldenes Herz Menz, ou sans transition, carrément acid-house avec Acid 2 Me Is No Worse Than War. Anton finit même sur avec Ich Bind Klang, entièrement en allemand, façon de rendre hommage à son nouveau pays adoptif.
Êtes-vous toujours perdu ? Un peu moins à la fin de cette balade sonore, qui soulignent encore une fois l’immense variété musicale sur laquelle est capable d’évoluer la formation, quitte à en laisser certains sur le carreau. Les BJM restent audacieux, uniques, indépendants, fous, et c’est ce qui a toujours fait la richesse, la rareté et la sincérité de leur œuvre complète, n’en déplaisent à certains. Bis Bald !
Maxime Lefèvre
Vinyle disponible chez Ground Zero et Balades Sonores