120-battements-par-minute

Arnaud Rebotini – 120 battements par minute

octobre 2017 |

En cette rentrée 2017, les salles de cinéma ont vu leurs programmations bousculées
par ce qui s’apparente à l’un des meilleurs films de l’année et à un véritable chef d’œuvre du cinéma français : 120 battements par minute. Après avoir réalisé des films déjà remarqués comme The Revenant, Robin Campillo livre une prouesse cinématographique : un long-métrage sensible, poignant et engagé qui représentera par ailleurs la France aux Oscars 2018.

Ce film porte ainsi en étendard la fulgurance de l’espoir, la rage de vivre et la radicalité d’une population marginalisée. Sans omettre la détresse et la souffrance que leur situation implique.
Cette dualité entre rage de vivre et désespoir tient au-delà de l’indiscutable qualité cinématographique à la bande originale qui ici détient une place centrale.
De fait, la house a joué un rôle-clé pour cette communauté en quête de reconnaissance et notamment pour Act-Up. Ce lien est explicité dans le titre du film, comme l’explique le cofondateur de l’association Didier Lestrade : « 120 BPM, le rythme naturel de la house et du cœur, la musique qui nous a fait tenir quand on n’y croyait plus ».
Cette musique à 120 BPM en moyenne est née à l’aube des années 1980 dans les communautés gay et afro-américaine de Chicago et déferla dans les clubs français à la fin de cette décennie. Empreinte de détresse et d’une excitation communicative, la house semble représenter au mieux l’ambivalence de la situation vécue par les membres d’Act-Up, qui se l’approprient et en feront le son far de leurs manifestations comme le soulignent notamment les scènes de Gay Pride.

Pour cette bande originale clé, Robin Campillo a fait appel au compositeur de musique électronique Arnaud Rebotini, aussi connu sous le nom de Zend Avesta et qualifié par les Inrocks comme l’ «un des piliers de l’électro française ».
Pour le musicien, composer la bande originale d’un film n’est pas un exercice inédit puisqu’il a notamment signé celle du film Eastern Boys sorti en 2013.
Pour 120 battements par minute, Arnaud Rebotini livre une bande originale qui nous plonge tour à tour dans les phases mélancoliques et festives traversées par les membres d’Act-Up et notamment par Sean. Parmi les 17 titres, cet habitué des remix nous fait cadeau de celui du célèbre morceau Smalltown boy de Bronski Beat, sorti en 1984 et renforce ainsi la cohérence historique. Bien que la tendance majeure soit celle de l’électronique, il laisse place à quelques balades classiques comme Jérémie est mort du sida composé uniquement au piano. Ces morceaux soulignent la tragédie des scènes qu’ils illustrent. Composition brillante, BO magistrale et poignante, encore une fois Arnaud Rebotini réussi l’exercice avec brio et signe une musique à la hauteur de ce film largement distingué.

Coralie Lacôte

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