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Rock en Seine 2015 – le soleil à son zénith

septembre 2015 |

D’une ligne éditoriale rassemblant artistes d’hier et d’aujourd’hui, Rock en Seine a su au fil des années s’imposer comme un incontournable des festivals francophones. Le festival francilien confectionne, chaque année, un pot-pourri aux senteurs hétérogènes. Entre nostalgie et avant-gardisme, il est difficile de ne pas trouver son bonheur musical au travers de la pléthorique programmation partagée sur quatre scènes aux charmes et ambiances diverses.

♪ Jour 1 –

Une première journée qui convoque des artistes variés tels que les iconoclastes Ghost, la main basse de Jeanne Added ou encore le binôme band FFS. On retient de cette première journée le live solaire d’un Jacco Gardner resté fidèle à son onde psychédélique et désarmante. Le premier moment d’émoi de ce festival. La suite fait la part belle à la renaissance de dinosaures dont l’ADN participe encore à la constitution de formations contemporaines : du surf punk noisy d’Offspring aux tubes mécaniques de Kasabian. Deux groupes qui mirent la Grande Scène du festival à feu et à sang.rock en seine1

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♪ Jour 2 –

La seconde journée se déroule dans une verve rock, aux cordes très sensibles, avec pour  »happy ending » la reformation des Libertines. Mais, tout d’abord, priorité de ce début de journée, au live clivant de Forever Pavot dont le psychédélisme appuyé par des clavecins d’un autre temps constitue un anachronisme rafraîchissant. Puis c’est sur la Scène de l’Industrie que la première claque du jour a lieu : DBFC lâche son surf rock tinté d’électronique aux impulsions « clubesques ». Un mix étonnant et détonnant pour ce jeune groupe parisien qu’il faudra désormais suivre de près. Ça tombe bien, Les Disquaires de Paris les invitent à jouer en showcase chez le disquaire Ground Zero (plus d’infos) ! Sonné par la performance de DBFC mais toujours debout, nous continuons ce périple sonore direction la Grande Scène pour assister au live des gallois Stereophonics, pour le coup en mode mono, et cette réflexion alors, était-il nécessaire d’inviter ce groupe défraîchi par les affres du temps, on vous laissera juge… Un sentiment corollaire au retour des Libertines, dans un festival qui avait vu Oasis se séparer en 2009. L’image du couple recréé entre Carl Barât et Pete Doherty restera ainsi plus dans les mémoires que leur set flirtant avec une médiocrité peu salutaire… Heureusement la soirée avait débuté avec Interpol, dont les morceaux continuent de traverser le temps et ce grâce à une fraîcheur intacte, signe d’une réelle identité esthétique malgré un clasissisme certain.

 

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♪ Jour 3 –

Le soleil frappe déjà fort la peau, à l’orée d’une dernière journée qui met les petits plats dans les grands. Dans cette canicule inattendue et bienfaitrice, ce sont les français de We Are Match qui ouvre les hostilités, faisant jouer leur sens de l’improvisation après une panne de courant qui en aurait fait fuir plus d’un. Heureusement les choses rentrent rapidement dans l’ordre avant que ne leur succèdent les juvéniles Last Train, dont l’énergie survitaminée, offre à un public conquis l’un des grands moments de rock du festival. Juste le temps de s’offrir une danse sur l’électro des immortels Hot Chip, et c’est l’heure de rejoindre la formation californienne Fuzz sous un astre solaire de plomb. Leur live est une bourrasque qui emporte tout sur son passage. Les fronts suent sur les rythmiques infernales et émergées de ce trio guitare basse batterie. Les pogos soulèvent des volutes de poussière. Les titres fusent sans temps morts, écorchant corde et sangle de guitare, preuve d’une implication totale des californiens dans leur set. Le temps de recouvrer des forces, devant la Scène Pression Live où les corps se sont avachis au gré de la pop éthérée de Here We Go Magic. Puis, c’est le moment de rejoindre la grande scène pour aller assister au concert de Tame Impala. La foule est dense pour accueillir les « tubes solaires » des Australiens, dont l’arc esthétique du dernier album se trouve largement déployé. Le groupe n’hésite pas a entrecouper çà et là par l’épique « Apocalypse Dream » et l’acide « It’s Not Mean To Be ». Si la bande de Perth ne repousse pas les limites du psychédélisme dans un show généralement trop consensuel, il est pourtant difficile de résister à l’onde concupiscente des morceaux développés, garant d’une dévergonde flirtant bon avec la nostalgie d’un hippisme toujours tenace, pieds nus à l’appui.
The Chemical Brothers termine cette messe musicale annuelle, remportant haut la main le duel des beat face au groupe Run The Jewels qui entament leur set au même moment. Un show à la grandiloquence certaine, qui reprend 20 ans d’activisme musical. Un djset intraitable passant du féérique « Star Guitar » aux infrabasses diaboliques d’« Under The Influence ». De quoi convertir cette dernière journée d’été en dance floor géant et réveiller André Le Nôtre (père du magnifique domaine de St Cloud) d’un long sommeil. Éreintant et jouissif !

Julien Naït-Bouda