OTHER LIVES – Rituals
Pour comprendre un artiste il faut agir comme un détective, avancer pas-à-pas en prenant tous les détails comme des indices. Other Lives vient de l’Oklahoma, état des Etats-Unis situé au-dessus du Texas. Et ça c’est un détail important, Oklahoma est un nom indien qui signifie « peuple rouge » où vivaient les Amérindiens sur ces terres de grandes plaines et forêts, haut lieu de tornade.
La musique d’Other Lives, est teintée de ce pays d’immenses terres vides traversées par des tornades emportant tout sur leurs passages. En l’occurrence, Rituals est ce genre d’album. Il est obligatoire de l’écouter en vinyle, la palette instrumentale est tellement vaste que tout autre support vous fera perdre des sonorités. Une fois la galette lancée, asseyez-vous avec un bourbon ou une boisson chaude poivrée de nature et laissez-vous emporter par les ondes vocales de Jesse Tabish qui a ce timbre folk tinté d’une pointe psyché qui lui donne la possibilité de jouer sur plusieurs impressions. C’est justement cette voix qui leur permet de se démarquer des groupes auxquels on les compare souvent comme Radiohead (dont ils ont fait la première partie) ou des Fleet Foxes. Mais en mêlant plusieurs types de sonorités avec des textes costauds, un rapprochement avec Bon Iver (dont ils ont fait la première partie, aussi) devient naturel.
Pourtant « Rituals » est moins intimiste que peuvent l’être les albums de Justin Vernon, il existe une sorte de trame dans cet album, qui pourrait ressembler à un voyage. Prenez une gorgée de Jim Beam démarrez au petit matin sur une route forestière avec Fair Weather et Pattern, puis le désert interminable avec le merveilleux Reconfiguration aux teintes western. Les sentiments se partagent, on passe de lassitude à épiphanie avec les Beat Primal et New Fog. 2 Pyramids est sûr de lui, fort, on est parti et plus personne ne nous arrêtera car la nature est trop grande pour que l’on puisse douter. Quelques souvenirs peuvent ressurgir avec English Summer, et en fin de journée le coucher de soleil nous touche avec No Trouble « I’m giving in, I got no excuse, I’m well-prepared », cette nature est notre demeure apportant joie et peur mais le voyage ne fait plus peur car il n’est qu’un seul et même rituel.
Paul Defais