Other

Other d’Alison Moyet

juillet 2017 |

Passer de la pop anglaise à un rock plus mature et expérimental, voilà en résumé le parcours d’Alison Moyet. Depuis son premier album en 1984, la chanteuse britannique a su évoluer et se renouveler tout en gardant son timbre de voix bluesy et voilé si caractéristique.

Son nouvel album Other, sorti le 16 juin, est le fruit de ce parcours de plus de trente ans de carrière. Une force tranquille à laquelle le temps a offert sagesse et prise de recul. Un mélange délicat entre voix et sonorités synthétiques qui entrent en osmose. Dès l’ouverture, sur Germinate, les gros riffs électroniques nous tirent vers des compositions pleines de tensions harmoniques et sans cesse surprenantes. Sachant jouer avec les textures, les cordes et autres pianos se font une place dans le mix comme autant de clairières musicales au milieu d’une dense forêt.

Cet art du mélange et de la surprise n’est pas sans rappeler une autre artiste venue du nord, l’Islandaise Björk. La ressemblance n’est d’ailleurs pas si fortuite. En effet, en se penchant d’avantage sur la jaquette de cet album on remarque la présence au casting de Guy Sigworth qui a également accompagné Björk et Goldie, pour ne prendre que quelques exemples.

C’est avec l’aide de ce peintre sonore qu’Alison Moyet réussit à déployer toute sa poésie dans des textes ouvrant les yeux sur notre monde et les enfermements individuels. Other, c’est une balade dans les rues de la vie à regarder les autres pour mieux les comprendre. Avec l’élan d’un titre digne de Broadway, le magnifique et puissant The Rarest Birds nous donnerait d’ailleurs probablement la force d’ouvrir nos cages.

Écouter cet album c’est regarder et se laisser surprendre. La voix d’Alison Moyet y est pour beaucoup dans ce sentiment rassurant et enveloppant qui nous guide. Voilà un disque qui ne révèlera pas tous ses secrets à la première écoute mais qui, comme les gens, s’ouvrira à mesure qu’on y prêtera l’attention qu’il mérite.

Julien « Jay » Sahuquillo