From Somewhere Invisible

Oiseaux-Tempête – From Somewhere Invisible

novembre 2019 |

Grâce au magazine MAGIC (magicrpm.com) il est possible d’écouter en intégralité le nouvel album d’Oiseaux-Tempête. Cela ne devra surtout pas nous priver du magnifique vinyle (en édition limitée orange marbré ou noire) sur lequel nous retrouvons le travail photographique post-industriel de Damien Daufresne.

Il s’agit ici du 4ème album studio du collectif sur le très beau label belge d’avant-garde Sub Rosa.

Comme pour les productions précédentes, on retrouve les membres fondateurs Frédéric Oberland et Stéphane Pigneul, talentueux instrumentistes qui s’adjoignent les services de Jessica Moss (Thee Silver Mt. Zion) au violon et de Radwan Ghazi Moumneh issu de la formation Jerusalem In My Heart. Viennent également renforcer l’effectif : Mondkopf, pour le coté électro, G.W.Sok et Jean-Michel Pirès.

L’esprit de ce nouvel album From Somewhere Invisible reste fidèle à celui des disques précédents : Implication politique des paroles, imprégnation de chaque piste d’une atmosphère pesante, tantôt lancinante et moite, tantôt froide et cassante. Cependant, il s’agit pour la première fois d’un travail réalisé uniquement en studio et construit en 2 jours lors d’un passage à Montréal. Nous ne retrouvons pas les savants collages d’enregistrements live et de terrain qui ont forgé l’identité sonore du groupe.

Le premier titre de l’album est le curseur idéal pour situer From Somewhere Invisible sur l’échelle de la création musico-industrielle : des lignes de guitares monotones et répétitives, la voix de G.W.Sok qui émerge se faisant de plus en plus distincte et une basse tronçonnante aux accents de sirène n’augurant rien de bon : « He is Afraid And So Am I » ne peut être mieux nommé !

Subtilement, les morceaux se succèdent avec la plus grande des cohérences. Alternant pistes entièrement instrumentales construites comme de lents crescendos obsédants et pistes chantées évoquant de puissantes incantations. A ce titre, le splendide The Naming of A Crow nous laisse entendre le texte du poète palestinien Mahmoud Darwich avec en arrière-fond de subtiles harmonies moyen orientales.

Cet album tout en intensité viscérale confirme s’il en était besoin qu’Oiseaux-Tempête est un collectif innovant et créatif unique dans le paysage musical actuel. A l’image du Liban si cher au groupe, carrefour des cultures, sa musique s’inscrit à la rencontre de la noise, du rock et du free jazz.

Nicolas Duquenne