AbdouElOmari

Nuits de Printemps d’Abdou El Omari

avril 2017 |

En voilà une sortie qui tombe à point en cette fin avril ! Nuits de printemps est la seconde production du collectif de DJ belges Radio Martiko, produit par le label allemand Habibi Funk. Après la chanteuse Naïma Samih, c’est aujourd’hui Abdou El Omari, un organiste percussionniste marocain qui est mis à l’honneur.

L’exotisme musical et les redécouvertes qui l’accompagnent ont déjà quelques beaux succès d’éditions à leur actif. On pense à William Onyeabor, à Fadoul (produit par Habibi Funk également) et bien sûr à toute la série mythique des Ethiopiques. Cette recherche d’artistes oubliés et passés à côté de la reconnaissance de leur époque relève d’une véritable quête romantique. Et de ce point de vue, Abdou El Omari possède toutes les qualités requises : propriétaire d’un petit magasin de disques à Casablanca, coiffeur et organiste-percussionniste sous son nom et instrumentiste dans d’autres formations. Autant d’activités qui n’auront manifestement pas suffi pour atteindre la renommée.

Les 7 morceaux de cette belle production sont immanquablement dominés par les rythmes et les mélodies orientales. C’est déjà un immense plaisir de parcourir une première fois l’intégralité de l’album sous cet angle. On se prend ainsi à rêver des soirées moites de ce bassin méditerranéen en pleine effervescence post-coloniale.

Mais il y a plus dans ces compositions : de remarquables détails qui s’imposent dès lors qu’on les aura ressentis une première fois. Dans ces arrangements du morceau Agadir où les mélodies ne nous conduisent pas à l’endroit attendu, n’est-ce pas là l’influence du cosmique Sun Ra ? Dans ces embardées si soudaines de Layali Rabih, ne reconnaît-on pas la touche du grand Miles Davis ?

Terminons ainsi cette chronique, en nous laissant guider par notre imagination. Nous assistons à la première rencontre, dans un magasin de disques de Casablanca, entre son propriétaire et le psychédélique Sun Ra. Puis à cette seconde rencontre inattendue, dans les années 70 avec Miles Davis. Toutes deux auront participé à nourrir l’inspiration d’Abdou El Omari.

Fantasme, rêverie ou réalité ? Seul importe le plaisir de la (re)découverte de ces très belles compositions.

Nicolas Duquenne

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