Chostakovitch – Cello Concerto n° 2

octobre 2015 |

 

chostakovitch

Concerto n° 2 pour violoncelle et orchestre de Chostakovitch, opus 126 par Mstislav Rostropovitch / LP Deutsche Grammophon 2530 653

 

 

analogContrairement au premier, assez énergique, le second concerto pour violoncelle du compositeur russe, est plus introspectif. La virtuosité y est moins primordiale que le sens musical. Cette œuvre s’ouvre par une longue phrase à la fois grave et méditative, où le violoncelle de Rostropovitch chante avec une éloquence souveraine. Le lyrisme du soliste se trouve ensuite peu à peu confronté à l’orchestre, le climat devenant alors incertain et changeant. Interviennent ensuite le xylophone puis les flûtes, le violoncelle s’anime soudain, abandonne ses longues phrases au profit de pizzicati et d’accords qui dialoguent avec la percussion. Après cet échange charnu, la composition revient délicatement à l’économie de moyens qui prévalait au début du concerto. Le second mouvement débute par l’énoncé au violoncelle d’une danse tzigane dont le dynamisme se transforme en toccata, laquelle se résout sur des roulements de tambour et des sonneries de cors. Après les longs glissandos du violoncelle, l’orchestration réduite jusque-là s’étoffe peu à peu, avec des couleurs de plus en plus vives. Le troisième et ultime mouvement, enchaîné au précédent, commence sur un air de fanfare sur lequel le violoncelle développe une partie lyrique et colorée. Suit un passage plus rythmique qui fait peu à peu intervenir les cuivres, le xylophone, le basson et les flûtes. L’ambiance  se fait alors plus sombre et les réponses de l’orchestre laisse présager quelque chose d’inquiétant, mais le crescendo qui suit décharge toute la tension accumulée jusqu’alors. Le concerto se termine par une longue note grave du violoncelle sur un fond de martèlement léger au xylophone qui rappelle la tendresse initiale du début du premier mouvement. Rostropovitch est concentré et ne relâche jamais la tension. Son jeu est d’une précision mélodique et rythmique incroyable, fougueux sans excès dans les passage forte, racé et délicat lorsqu’il faut jouer tout en retenue. Son sens de la continuité du propos impressionne autant que sa légendaire aisance technique. Cette interprétation est une véritable performance, elle sonne comme un défi sans cesse relevé. Dans les tutti, son instrument se fond parfaitement dans la masse orchestrale pour rebondir avec maestria lorsqu’il faut œuvrer à découvert. L’Orchestre symphonique de Boston sonne joliment sous la battue très efficace de Seiji Ozawa, qui donne une grande intensité musicale à cet enregistrement. En complément de programme, le très court Chant du ménestrel pour violoncelle et orchestre, opus 71 de Glazounov écrit en 1900 et très populaire au début du xxe siècle. Il s’agit d’une page typique du romantisme tardif cher au compositeur russe. Rostropovitch la joue avec une empathie et une générosité qui forcent l’admiration.