Bang Gang

Bang Gang, volcan ensommeillé

mai 2015 |

Auteur de nombreux travaux pour le monde du cinéma et du théâtre, Bardi Johansson s’étend dans des humeurs brumeuses et voyageuses que n’aurait pas renié Jonny Greenwood. Collaborant avec Keren Ann et Jean Benoît Dunckel, l’islandais est un matériau polymorphe dont la dernière création ravira les nostalgiques de pop minimaliste à la française. Entretien.

Tu n’avais pas sorti de disque en solo depuis sept années, est-ce que cela est dû à un besoin de rompre avec la musique pour le cinéma ?
Je sentais que le moment était venu de renouer avec l’écriture de chansons. J’ai durant cette période créer de nombreuses bande originale de film et aussi écrit un opéra avec Keren Ann.

Penses-tu la musique de la même manière pour un film et un album ?
Cela est totalement différent. Pour un album je peux faire créer de la musique comme je l’entends. Avec un film les choses sont différentes et je dois m’affilier à un directeur artistique pour que les choses se passent bien. A ce titre mon nouveau disque The Wolves Are Whispering sonne tel que je le désirais.

Tu as invité de nombreux artistes sur ce nouveau disque, et de manière générale dans ta carrière, tu as multiplié les collaborations. Est-ce que cela est dû à un besoin vital pour créer ?
J’ai beaucoup travaillé seul et c’est toujours enrichissant de collaborer avec un autre musicien. Cela te donne une vision différente de ta personne. Tous ces travaux collaboratifs m’ont rempli artistiquement et socialement.

Ton son semble être pris entre ombre et lumière, est-ce que cela est un reflet de ta personnalité ?
On peut dire que Bang Gang est le projet qui me permet de me régénérer mentalement. J’y ai déposé des émotions qui m’ont particulièrement affecté, un mélange de mélancolie et joie. Au début, mes paroles étaient plus ouvertes tout en comportant des messages cachés. A présent j’ai une approche plus directe, et le mélange des émotions que je ressens, participe à l’élaboration d’un sentiment commun qui se retrouve dans l’ensemble des paroles que j’évoque.

Bang Gang

 

On peut aisément ressentir l’infleunce de la French Touch dans ta musique. Est-ce que ce courant tient encore pour modèle dans ta manière d’apprécier la pop musique ?
A certains points de ma carrière, les gens me faisaient cette réflexion, croyant même que j’étais à moitié français et que je vivais en France, ce qui n’est pas le cas. J’y ai passé beaucoup de temps et j’apprécie beaucoup la musique française, même la chanson. Des musiciens français m’accompagnent également, comme mon bassiste Laurent Vernerey et certains de mes disques ont été écrits et composés en France. Au final, on peut dire que j’ai quelque chose à voir avec ce courant, surtout avec les bonnes choses qui s’y sont produites.

Tu as collaboré avec Jean Benoit Darkel via le projet Star walker. Les français aimeraient savoir ce qu’il est advenu de Air, as-tu des nouvelles ?
Starwalker va sortir un disque d’ici la fin de l’année et je peux dire qu’il sonne déjà très bien. Si tu veux des nouvelles de Air, demande leur directement. Ils ont récemment fait quelque chose de très cool, une installation sonore dans un musée.

Tu viens d’Islande, une terre qui a vu naitre Björk. Que penses-tu de son influence pour la musique islandaise. Quel regard portes-tu sur la musique actuelle dans ton pays et à ce titre as-tu entendu parlé d’un groupe comme Low Roar ?
Bjork a eu une influence très forte et cela de manière générale. Beaucoup de gens la citent en premier lieu quand ils pensent à l’Island. Son influence a particulièrement touché les gens de ma génération (années 90) et a démontré que les musiciens islandais pouvaient s’exporter. Oui j’ai écouté Low Roar et cela sonne très bien. J’aime aussi beaucoup Samaris, si bien que je lui ai demandé de participer à l’écriture et au chant sur mon nouveau disque.

Une dernière question, que veux-tu que l’auditeur ressente au travers de ton son ?
Je suis toujours très heureux quand quelqu’un me dit que ma musique l’a aidé à affronter certaines périodes difficiles.

Julien Naït-Bouda