Ty Segall de Ty Segall
En ce début d’année 2017, Ty Segall en remet une couche avec la sortie de son nouvel album, 10ème du nom, appelé très modestement Ty Segall, comme pour mieux faire écho à son premier album éponyme (la boucle est bouclée ??).
Notre bon vieux zigue californien, du haut de ses 29 piges, nous démontre, encore une fois ici, l’étendu de son talent. Ty Segall, c’est un peu le saltimbanque qui a su, dans son œuvre, synthétiser à sa manière le son d’une époque désormais révolue, et qui y a intégré sa propre vision, globale, de cet art qu’est la musique. Il le dit lui-même, il « aime les vieux disques rock ». Il est seul sur son nuage, qu’il façonne comme son xanadu, et développe à profusion (en solo, ou même avec d’autres projets comme FUZZ ou GØGGS) sa créativité pour s’y sentir bien. Tel est le sentiment que l’on ressent lorsqu’on traverse l’univers de ce Monsieur.
A la production de cet opus, on retrouve le génial Steve Albini (Pixies, Nirvana, et autres Jesus Lizards) qui insuffle, le long de ces dix morceaux, son esprit brut de décoffrage, privilégiant l’enregistrement LIVE, le tout dans un véritable échange entre ingénieur du son et musiciens. L’instinct prime ici, avec pour seul leitmotiv « casse la baraque ou casse-toi ! » et c’est plutôt efficace ! (hey Steve, et si on explosait un chiotte en plein milieu d’un morceau ? Thank you Mr.K)
Come on take it, take my guitar ! Telles sont les premières incartades de ce disque, résonnant comme une invitation à venir se défouler sur Break A Guitar et à ainsi partager le monde musical de Ty Segall. Il y plaque ici un riff sévèrement garni par sa presque inséparable fuzz.
Warm hands est un excellent exemple du génie de ce gars : un morceau d’une dizaine de minute assemblé comme un collage sonore. On passe d’un début saupoudré d’une touche de psychédélisme, puis à un son plus brutal et massif aboutissant à un riff où la guitare se tire la bourre avec la cavalerie rythmique basse-batterie, pour finir sur un phrasé de guitare suave, arrivant comme une accalmie dans l’intensité, un atterrissage en douceur.
Dans le sillage de ces volutes électrifiantes se faufilent de magnifiques balades folk comme Talkin’ au couleur twangy ou encore le sublime Orange Color Queen aux harmonies très sixties, fleurant bon le soleil californien, il se glissera dans vos oreilles comme une douce guimauve.
Vieille farce qu’est le dernier morceau Untitled où le comparse se feinte d’un semblant d’accord de guitare, comme tendant à un enfant une merveilleuse friandise pour mieux lui retirer au dernier moment! Raté ? Ou trait d’union vers un (énième) nouvel album ? On en connaît déjà subtilement la réponse… Affaire à suivre !
Maxime Lefevre
Vinyle disponible chez Walrus