Nordborg d’Adelbert Von Deyen

janvier 2017 |

Employé d’un journal le jour, compositeur de musique électronique la nuit : l’œuvre d’Adelbert Von Deyen tire certainement sa profondeur et sa force des ténèbres silencieuses qui l’ont vue naître, s’évaporant des synthétiseurs de seconde main dont le Berlinois avait fait l’acquisition dans la seconde moitié des années 70.

Représentant de la Berliner Schule (Ecole de Berlin), mouvement musical qui a émergé à la même période, Adelbert Von Deyen sort son premier LP, Sternzeit, en 1978 sur le label Sky Records, qui a signé des grands noms de la musique électronique comme Michael Rother, Hans-Joachim Roedelius ou le célèbre Brian Eno.

À peine quelques mois plus tard, en 1979, le Berlinois sort son deuxième LP,  Nordborg , du nom de la ville danoise où il a passé un court séjour et qui l’a inspiré pour cet album de deux morceaux.

Moonrise, sur la face A, est une lente improvisation sur le lever de la lune à Nordborg, sur l’île d’Alsen. Le morceau s’ouvre ainsi sur des cris de mouettes, répétés en boucle jusqu’à ce que leur nature électronique prenne le dessus et qu’on les confonde avec des sortes de klaxons. Puis les nappes vibrantes de l’ARP Odyssey, fameux synthétiseur de la marque Korg, se lèvent comme le vent se lèverait une fois le soleil couché, avant d’accueillir de longs accords qui résonnent dans la nuit, sans structure apparente, célestes.

Iceland, sur la face B, est une interprétation de la tempête de neige qui s’est déchaînée à Nordborg lorsque qu’Adelbert Von Deyen y séjournait. Dès l’introduction, des orgues menaçants, accompagnés d’une boucle de quelques accords solennels, annoncent le blizzard. Des percussions lancinantes s’ajoutent ensuite pour rythmer les bourrasques enneigées. Quelques minutes plus tard, le vent de l’ARP Odyssey, qui était monté en puissance, se déchaîne avant de rendre son dernier souffle et de laisser place à des nappes légères et mélancoliques. Le calme après la tempête.

Simon de Forni

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