Vagabonde

Mar Seck – Vagabonde

février 2020 |

Avec ces enregistrements le label Teranga Beat (on se rappelle les belles productions vol 1 & 2 de Greek Fusion, sorties il y a peu !) permet au plus grand nombre d’entre nous de découvrir de façon chronologique les morceaux les plus marquants d’un artiste sénégalais peu connu : Mar Seck.

Même s’il n’est pas le plus célèbre des afro-salseros, Mar Seck a animé pendant des décennies, les soirées dakaroises aux cotés de Pape Fall et de Laba Sosseh.
Il est facile d’identifier les trois époques présentées ici à l’aide d’indices tel que la qualité de l’enregistrement, le style de musique développé par l’ensemble et la modernité des deux derniers morceaux de la fin de l’album.

Le très beau morceau « Sibouten » suivi de « Angelina » sonne comme un enregistrement effectué au fond d’un bar. Sans y prendre gare, les auditeurs se retrouvent dans un maquis de Dakar assommés par la chaleur, une bière fraîche posée sur la table, avec en fond sonore l’orchestre Super Cap Vert de Mar Seck.

Lors de cette première époque Mar Seck développe une musique tantôt chantée en Wolof tantôt chantée en espagnol. Ce sont principalement des rumbas très calmes inspirées de celles de ses confrères congolais Franco ou Grand Kalle.

Sur ces premiers morceaux, la voix si particulière de Mar Seck s’impose déjà légère et aérienne. Nous sommes alors en 1969 !

Incarnant avec ses orchestres successifs les incessants aller-retour de la musique africaine, afro-cubaine, et créole, un titre comme « El Dulcerito » aurait très bien pu être joué par un orchestre cubain. Cette salsa particulièrement relevée est conduite à un tempo endiablé sur lequel aucun auditeur normalement constitué ne pourra rester immobile.
Avec le titre « Kaira » les historiens de la musique découvriront un « proto Mbalax ». En effet la voix du chanteur ne se pose plus strictement sur les lignes instrumentales comme dans les titres précédents mais s’ajoute bel et bien comme une ligne mélodique supplémentaire.

Mais c’est mais ce sont bien sûr les deux derniers titres de l’album les plus récents qui présentent avec le plus d’identité le Mbalax que Youssou N’Dour a tant participé à populariser depuis ses débuts avec le label Real World de Peter Gabriel.

C’est le tambour traditionnel d’épaule, le Tama, dont la pression des cordes modifie la sonorité de la peau, battu à un rythme rapide qui caractérise ce style musical sénégalais.
Le beau travail de réédition en vinyle de ce CD sorti initialement en 2014 offre une découverte qui réjouira sans en douter de nombreux fans de musique africaine.

Nicolas Duquenne