Johnny Marr – Call the Comet
L’étoile filante post « Smiths », alias Johnny « Fuckin’ » Marr embarque vers des contrées célestes pour un 3e album intitulé Call the Comet et nous fait grâce d’un opus flamboyant, surprenant et à la fois équilibré, le lad’s de Manchester maîtrise son sujet. Trois, deux, un, décollage !
Entièrement auto-produit, il aura fallu attendre quatre ans après l’album Playland afin que nos oreilles se délectent de l’étendue mirifique qu’est ce missile musical. Douze pépites sonnant comme les douze travaux d’un guitariste, et également chanteur accrocheur, atteignant par magie l’apogée de sa créativité et de son indépendance musicale. La clé de cet album est de réussir à résoudre l’équation parfaite entre homogénéité stylistique et diversité sonore. Et c’est chose faite, l’authenticité guitaristique du frontman est là ici, intacte, sereine et bien présente pour vous prendre aux tripes tout au long de ce Call the Comet mêlant allègrement rock-pop, shoegazing, post-punk voire même disco et balade folk.
Première montée d’adrénaline avec Rise et son riff teigneux et en même temps si vibrant. Johnny Marr nous emporte ici littéralement de sa voix oscillant entre la légèreté et l’urgence. Ouhh ouhhh !!! se glisse ensuite avec l’un des titres phares de cet album, The Tracers. La tension monte d’un cran, mais l’efficacité de ce titre est redoutable tant l’assurance de Marr et sa classe transpire ici dans un déferlement de vapeurs électriques. Ça se confirme avec le titre suivant Hey Angel où il enfourche sa guitare à bras le corps pour délivrer un solo de maous costaud !
Le décor est ainsi planté et le voyage peut désormais se poursuivre. Nostalgique des mélodies anglophones et « Smithiennes » ? Tendez donc l’oreille vers le subtil Hi Hello et ça suite d’accord mineur qui vous donnera une pointe de belle et douce nostalgie. Johnny Marr n’est plus « suiveur » mais devient « leader », passe de l’ombre à la lumière et n’hésite pas à expérimenter avec l’intriguant New Dominions ou encore le sublime Actor Attractor, à la fois industriel, dépouillé et hypnotique. Il prend plaisir à s’amuser et assumer pleinement ses revirements sonores à l’instar du très funky Bug, du eighties My Eternal, et du brit-folk Day in Day Out.
Complètement libre et décloisonné des contraintes du passé, celui qui à fait ses armes avec les Smiths bien évidemment, mais également des compositions aussi variées que THE THE, Modest Mouse ou encore The Cribs, prend l’ascendant et réussit à nous foutre une bonne claque avec ce Call the Comet. Audacieux, séduisant, et jouissif, cette galette sera l’une (peut être « La ») des meilleures de sa discographie. Scandant un message de paix et d’humanisme profond, avec en filigranes ces mélodies enthousiasmantes, on constate que le chemin a été long pour Johnny Marr mais il a réussi là où peu de personne l’attendait, rejoignant ainsi ces univers d’éblouissantes constellations musicales. Morrissey doit s’en arracher la houpette !
Maxime Lefevre