Interview de La Mverte
On a passé un moment éclair avec Alexandre Berly alias La Mverte, musicien, producteur de musique électronique et DJ, lors d’un entretien foudroyant résumé en six questions et ces quelques arcanes décortiqués ici-bas…
Ton dernier Ep en date s’intitule « A Game Called Tarot », quel est ton rapport à l’objet ?
J’aime son esthétique et la symbolique plus que ses vertus divinatoires. L’histoire et la culture qui y sont associées m’évoquent des choses, la portée de ce que cela représente comme les croyances qui en émergent, mais tu sais je ne crois pas en la destinée…
Tu ne crois pas à l’au-delà, en un monde invisible ?
Si mais… Chacun vit dans une réalité différente de l’autre… Je ne sais pas. J’ai fait un malaise vagal et j’ai vu un flash blanc, l’expérience fut très bizarre… Je pense que l’on a plusieurs états de conscience, comme le prouve le phénomène de distorsion temporelle dont les rêves sont une preuve flagrante. C’est le corps qui génère cette distorsion donc il y a un ancrage dans la réalité, mais par cette voie, l’esprit accède à un ailleurs qui ne lui est pas défini autrement…
Parle nous de ton son, te situes-tu du côté club ou penses-tu que ta musique à une autre destination ?
J’adore la musique de club mais mon objectif est de faire du post punk qui sonne comme de la techno et inversement… Mon ADN musical se compose de tout ce que j’écoute. Je n’ai pas envie de rentrer des cases, ce n’est pas une question de fierté mais je ne veux pas me sentir prisonnier de tel ou tel style. J’ai des influences très diverses et plus ou moins digérées, en ce moment je me laisse porter par le dub. Pour le premier LP que je bosse en ce moment, j’ai commencé par filtrer des sons depuis mon retour d’une tournée au Mexique. Je fonctionne avec une écriture très libre, des morceaux sont avancés et je sais que leur direction restera déjà ainsi, d’autres portent des idées mais doivent être encore développés.
Qualifierais-tu ta musique d’épectase, où comment embrasser la vie et la mort dans un même instant ?
Intéressant… je n’y avais jamais pensé, c’est plutôt une bonne définition.
Un mot sur ton live de samedi soir au Trabendo ?
Le but du live est de déplacer le studio sur scène car j’utilise le même matériel en enregistrement et en live. J’utilise beaucoup de matos analogique, l’ordinateur ne me sert que de recorder, notamment pour des effets en plug afin de traiter le son. Je n’ai en outre quasiment jamais recours au VST. J’essaye de retraduire mes morceaux avec le plus de richesse possible en terme de textures et ainsi de faire vivre la musique autant qu’il se peut.
Pourquoi est-il toujours important de supporter les disquaires indépendants ?
Car c’est grâce à eux que l’on peut vraiment soutenir les artistes, ça me semble évident. Après il y a le rapport social, la discussion, faire des découvertes. C’est un peu comme au PMU quand tu échanges des tips pour tel cheval… Avec les concerts et les clubs, les disquaires font partie de la socialisation de la musique. Celle-ci est à la base un moyen d’échanges, en elle-même et autour d’elle, elle possède un pouvoir de socialisation assez puissant.
Qu’as-tu pensé de la dernière édition du Disquaire Day ?
C’est une belle usine à fric, le catalogue de cette année était vraiment sans intérêt, sans parler des prix. Me retrouver à faire la queue comme un connard dans une mauvaise ambiance pour acheter un disque super rush, c’est pas pour moi. Et après le truc qui m’énerve, c’est pourquoi un seul jour ? Les disquaires indépendants, il faut les soutenir toute l’année…
Interview réalisée par Julien Naït-Bouda
Photos de Guendalina Flamini