Guy Skornik – Tusk
Toujours surpris, jamais déçu, souvent ébloui. Tel pourrait être le slogan de la magnifique maison de disques mancunienne Finders Keepers Records. Avec cette nouvelle sortie, le label met à l’honneur un musicien issu de la tradition musicale académique française (Grand Prix du conservatoire de Paris dans les années 60). A l’exception de quelques érudits, Guy Skornik reste un compositeur peu, voire pas connu du tout.
Le disque qui sort actuellement est une bande originale d’un film de 1979 produit par Alejendro Jodorowsky d’inspiration indienne. D’après la biographie de Guy Skornik, c’est après un séjour à la rencontre des lamas tibétains au milieu des années 70, qu’il se familiarise avec les instruments, les harmonies et la composition de la musique indienne. L’album Namasté résultera de cette pérégrination himalayenne.
C’est donc quelques années plus tard que Guy Skornik composera l’album qui nous intéresse aujourd’hui. Avec une atmosphère générale baignée de musique cosmique à laquelle se mêlent les tablas indiens et de lourdes guitares, parfois, les 8 morceaux de Tusk soutiennent la comparaison avec leurs meilleures productions allemandes des années 70 telles que celles de Ash Ra Temple, devenues cultes aujourd’hui. Le dossier de presse évoque également des similitudes avec les productions en perte d’inspiration de David Bowie époque berlinoise de Brian Eno. A titre personnel, j’ai toujours préféré l’original à la copie !!
L’album est court : 22 minutes. C’est en quelque sorte un apéritif musical, un préambule idéal à une redécouverte du rock progressif français des années 70.
Poo Lorn 1 est sans aucun doute est le titre phare de ce très court programme. C’est ici le piano bastringue qui entraîne tout le morceau vers un climax déchainé. La flute est présente également, on est dans les seventies ou pas ?
A l’écoute de ces 8 titres, on pense à se replonger dans ces années de défrichage sonore sauvage qui ont forgé le paysage musical actuel. Où des créateurs inventaient, expérimentaient et composaient à l’aide de machines nouvelles et ouvraient ainsi la musique aux rythmes et bruitages électroniques.
22 minutes de musique pour des heures de lecture des passionnants ouvrages (Agitation frite de Philippe Robert) de l’éditeur Lenka Lente.
22 minutes de musique et une incitation à écouter le catalogue entier des productions du splendide label parisien du Souffle Continu.
La réédition de productions anciennes, souvent obscures atteint parfois cet objectif magique : Ouvrir une fenêtre vers des horizons infinis. La musique comme propulseur de voyages dans l’espace-temps. Constat plutôt cocasse pour Tusk, imprégné de Kosmische Muzik allemande.
Nicolas Duquenne