Dark Days + Canapés de Ghostpoet
Comme un prolongement logique et sans surprise des précédents opus, Dark Days + Canapés nous emmène dans un road-trip jusqu’au coin de la rue, lors d’un aprem’ pluvieux et anxiogène, routinier mais néanmoins très confortable.
Avec son quatrième album, le londonien Obaro Ejimiwe (qui aurait tout aussi pu être natif de Bristol) continue son chemin de croix introspectif et cathartique en déversant son flow, de moins en moins hip hop, sur des sujets sociétaux aussi variés que les migrants ou les rencontres online.
Toujours dans une veine trip-hop, c’est sur une musique multi-influencée, empruntant, chanson après chanson, au post-rock (Immigrant Boogie), à la folk américaine (Woe Is Meee) ou encore au rock industriel (Freakshow), que le Ghostpoet déverse, de sa magnifique voix suave et soul, ses spoken words, enfonçant, à travers le prisme de la mélancolie, quelques portes (ouvertes) de notre intérieur cosy.
Visuellement, le nouvel album de Ghostpoet est très bien servi par deux clips à l’imagerie cinématographique léchée, empruntant beaucoup aux survival horror movies et autres films sur la fin des temps.
Effrayant tout du long, rassurant par moment, superbe et monotone à la fois, Dark Days + Canapés est un gigantesque ascenseur émotionnel qui à l’écoute nous comble et nous frustre en même temps.
On aime mais on aurait adoré être pris plus intensément dans cette ballade fantomatique.
Dark Days + Canapés nous maintient sous tension tout le long de ces douze chansons, nous promettant l’apocalypse, qui, malgré ces deux belles collaborations avec la songwriter EERA (sur Dopamine if I do) et Daddy G de Massive Attack (sur Woe is Meee), n’arrivera hélas pas.
Raphaël Bellard
Vinyle disponible chez Balades Sonores et La Voie du Silence