suuns hold/still

La tourmente brillante de Hold/Stills de Suuns

mai 2016 |

Ça grince à l’entrée et puis ça martèle, sporadiquement mais lourdement. La voix fuyante, à peine là. Le premier titre, Fall, donne le ton, creuse la tombe, et on ne sait pas si on tiendra le choc.

Puis ça se calme, un peu, par l’électronique d’abord, des semblants de mélodies ensuite, un ersatz de gimmick par ici, un beat tenu sur plus de dix mesures par là. Mais rassurez-vous, tout cela reste bien torturé.

Resistance, par exemple, est une scansion qui rappelle de loin les dernières élucubrations psalmodiques de Scott Walker mais qui seraient débarrassées du drama.

Confinées dans un monde sourd et lointain, les chansons de Hold/Still offrent des paysages lunaires variés pour lesquels les repos, réels et doux, laissent transpirer leur fragilité. Et on ne sait qui, des guitares acérées et âpres ou des beats explosifs vont venir faire valdinguer chaque moment de répit.

La réussite du troisième album de Suuns est de proposer une avant-garde qui nous est familière. Il y a pourtant de l’inouï dans Hold/Still, mais qui nous arrime dès la première écoute dans des terrains à la fois imaginaires et connus. Une exploration audacieuse qui manque un peu trop souvent dans le pop rock de nos jours. Une réussite on vous dit.

Lucas Parax

Vinyle coup de cœur de Walrus